mercredi 14 décembre 2016
The History of Mr. Polly - H.G. Wells
Quand le roman commence, Mr Polly est un homme de 37 ans, sujet aux indigestions, propriétaire malheureux d'un petit magasin d'habillement enfermé dans un mariage raté. Mr Polly n'aime pas sa vie, pas du tout. Du coup, gros retour en arrière pour comprendre comment il en est arrivé là. Un parcours fort banal : études plus que minimales, employé dans divers magasins, décès du paternel et héritage, mariage foireux et lancement du petit magasin. Les quinze années suivantes passent en un éclair, un éclair de totale platitude, et l'on se retrouve au point de départ. Pour en finir, Mr Polly décide de se suicider. Mais en faisant croire à un accident, pour que sa femme puisse avoir l'argent de l'assurance, parce que Mr Polly est gentil. Mais il se loupe totalement. Cependant, cette tentative de suicide ratée est une révélation : il est libre ! Il peut faire ce qu'il lui chante ! Mr Polly s'improvise donc vagabond, se ballade sur les routes, et finira par trouver sa place dans une auberge campagnarde.
Le ton employé par Wells, presque satirique mais pas tout à fait, est un régal. C'est très drôle, même si j'ai dû passer à coté de pas mal de jeux de langage. Mr Polly est un personnage fort attachant. J'ai lu sur la page Wikipedia anglophone du roman qu'il serait une version de Wells n'ayant pas eu la chance de faire des études, et cela me semble pertinent. Polly est plutôt intelligent, il aime lire et jouer avec les mots, il aime son prochain mais aussi se balader seul dans la nature. Une scène particulièrement réussie montre son premier contact avec des canetons : « Mr. Polly had never been near young duckling before, and their extreme blondness and the delicate completness of their feet and beaks filled him with admiration. It is open to question whether there is anything more friendly in the world than a very young duckling. » Bref, Polly est sensible à la beauté, il a du potentiel, mais n'a jamais eu la chance de le développer. Du coup, il est resté flou, frustré, incertain, accompagné d'un profond sentiment d’insatisfaction. Au cours de son mariage, il sait au fond de lui qu'il fait une erreur, qu'un mouvement passager ne devrait pas l'engager sur toute une vie : « He tried to asssure himself that he was acting upon his own forceful initiative, but at the back of his mind was the complete realization of his powerlessness to resist the gigantic social forces he has set in motion. » Polly se fait entrainer par les évènement, passif, jusqu'au moment où il se réinvente. Plus de travail désespérant, plus de vie conjugale encore plus désespérante. A la fin du roman, un vil personnage vient menacer la tenancière de l'auberge où Mr Polly s'est refait une nouvelle vie, et ces quelques pages au ton plus belliqueux ne sont pas les plus passionnantes. Pourtant, elles font sens dans la construction romanesque : c'est la première fois que Polly est confronté à un grave problème, une menace qui requiert de sa part une réponse vive, une conviction. The History of Mr. Polly est un excellent morceau de littérature sur la vie banale d'un homme banal. Un peu comme pour The New Machiavelli, une partie du plaisir vient d'une certaine empathie, ou plutôt d'une empathie certaine, pour le personnage principal.
234 pages, 1910, Penguin Books
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