lundi 28 novembre 2016
Sumerki - Dmitri Glukhovsky
Dans la Russie moderne, la vie d'un traducteur solitaire va être chamboulée. Appelons-le D.A. pour simplifier le nom russe. Habitué a traduire des contrats commerciaux et autres choses déprimantes, le voilà qui tombe un jour sur un étrange récit en espagnol. La narration d'une exploration en plein pays maya, écrite à la première personne par un conquistador. D.A., peu habitué a avoir sous le nez des textes intéressants, est absolument captivé et se prend de passion pour les mayas. L'écriture de Dmitri Glukhovsky est purement utilitaire, et d'ailleurs le narrateur parle un peu trop souvent pour ne rien dire si ce n'est de la paraphrase, mais on sent qu'il a redoublé d’efforts pour la rédaction du manuscrit espagnol. C'est un récit d'aventure plutôt captivant, et cette double narration rappelle Pandore au Congo d'Albert Sánchez Piñol. Mais en bien moins brillant.
Au début, tout cela est très prenant. On s'identifie à D.A., lui-même lecteur enthousiasmé. Et petit à petit s'installe une ambiance fantastique classique : la réalité s’effondre autour du narrateur, et la fin du monde se rapproche dangereusement. Le texte qu'il traduit semble s'infiltrer dans sa vie réelle. Il sent « la réalité vaciller ». C'est un roman fantastique, c'est donc attendu. Pourtant, comme les manifestations surnaturelles se multiplient, on se demande comment l'auteur va faire pour retomber sur ses pieds et justifier tout ça. Pourquoi le mystérieux commanditaire ne donne-t-il les pages à traduire qu'au compte goutte ? D'où sortent les divers monstres ? Que vient faire là cette secte amatrice de sacrifices humains ? Pourquoi cette scène étrange où semble se faire un lien direct entre le narrateur et l'aventure du conquistador ? Et à la fin, ces craintes sont justifiées. La révélation finale est une variation sur le thème « Hey, tout ça était un rêve en fait, bonne blague hein ? » Une variation certes intéressante, dont on sent le potentiel, mais une variation qui n'enlève rien à l'amère déception. Comme le narrateur le dit lui-même, on est comme dans un « wagonnet » de « manège ». C'est à dire que l'auteur utilise l'excuse que rien n'est tout à fait réel pour rythmer son récit d’événements surnaturels qu'il n'aura pas besoin d'expliquer plus tard. C'est d'autant plus dommage que je comprend tout à fait ce qu'a voulu faire l'auteur. L'idée derrière Sumerki est prometteuse, mais l’exécution est terriblement bancale.
381 pages, 2009, l'atalante
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