dimanche 16 juin 2013

La nuit de l'oracle - Paul Auster


La nuit de l'oracle - Paul Auster

La nuit de l'oracle est peut-être le roman de Paul Auster qui m'a semblé le plus étrange, le plus insaisissable. On y retrouve ses obsessions habituelles, mais à travers une sorte de mise en abime, puisque le héros, Sydney Orr, est un écrivain. Et justement, ce qui apparait comme les thèmes de prédilection de l'auteur (la solitude, la fuite) sont principalement présents dans le roman écrit par Sydney Orr. Un roman dans le roman, donc. Et encore un roman dans le roman dans le roman, qui justement se nomme La nuit de l'oracle. Auster écrit toujours aussi bien, et l'ensemble est donc très clair sur le moment, mais il est vrai qu'après coup je ressens une certaine confusion à propos de qui est réel et ce qui ne l'est pas.

C'est d'ailleurs le thème du roman, puisque Sydney écrit dans un étrange petit carnet qui semble plus qu'un carnet ordinaire. Le carnet aspire-t-il l'écrivain dans l'histoire qu'il crée ? Ou peut-être donne-t-il une certaine réalité à ce qui est écrit dans ses pages ? Mystère. Il ne faut pas s'attendre à tout comprendre, mais ce principe permet à Auster de démontrer ses talents de construction du récit. Par exemple, vers la fin du roman, Sydney Orr met sur papier ses hypothèses concernant les troubles de sa vie conjugale, ce qui éclaire tout d'un coup l'histoire d'un sens nouveau, mais c'est au lecteur de décider ce qu'il doit croire : réalité ? fantasme de mari jaloux ? fiction rendue à moitié réelle par l'étrange carnet ?

La nuit de l'oracle n'est probablement pas un roman majeur de Paul Auster, il s'agit surtout d'une intéressante curiosité. Le genre du roman qu'on prend plaisir à lire et dont on sort un peu perplexe, sans vraiment savoir quoi en penser, en se demandant ce qui vient de se passer.

236 pages, 2003, Babel

4 commentaires:

  1. Je crois que c'est mon Auster préféré, j'ai adoré son ambiance et les obsessions du narrateur (surtout avec les carnets, on dirait moi).

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  2. Même si ce n'est pas celui que j'ai préféré, je comprend parfaitement que ce soit ton cas : une question de sensibilité à son ambiance particulière sans doute (ou de sensibilité aux histoires de carnets).

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  3. (surtout de sensibilité aux histoires de carnets ^_^)

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  4. Je l'ai beaucoup aimé moi aussi, en raison justement du ton étrange et de cette mise en abyme.
    Il a laissé en moi une empreinte assez forte.

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