dimanche 2 juin 2013
Contrepoint - Aldous Huxley
Contrepoint, publié en 1926, est très proche dans sa forme de La paix des profondeurs, écrit dix ans plus tard. Il s'agit de la vue globale d'une fraction de la haute société anglaise, où de nombreux personnages aux idées variées évoluent et interagissent. Et d'ailleurs, Contrepoint est clairement un roman à idées. Chaque personnage est unique, porteur d'opinions propres, d'une personnalité profonde et réaliste disséquée par l'auteur. Huxley ne se place jamais vraiment au dessus de ses personnages, il passe plutôt de point de vue interne en point de vue interne, et les pensées de chaque protagoniste sont mises à nu.
Comme dans La paix des profondeurs, Huxley s'inspire de sa propre existence. Par exemple, cet enfant malade dont les sens s'éteignent renvoie aux problèmes de vue de son adolescence, problèmes qui l'ont dispensé d’être mobilisé pendant la première guerre mondiale, tout comme son personnage Philip Quarles, blessé à la jambe dans sa jeunesse. Ce même Philip Quarles est lui aussi un écrivain, et projette d'écrire un roman qui ressemble étrangement à Contrepoint. Un roman dans le roman, et un roman dans le roman dans le roman, etc ... Philip Quarles est un être introverti, fuyant le contact humain pour se réfugier dans l'intellectualisme. Walter Bidlake est torturé par le désir qu'il éprouve envers une femme libertine. Sa compagne, Marjorie Carling, ne semble pouvoir vivre qu'à travers lui. Mark Rampion, profondément critique vis à vis de la société, sert de prétexte à de passionnants monologues qui expriment peut-être la pensée de l'auteur. Maurice Spandrel est un nihiliste attiré par le vice. Et il y en a plein d'autres, tous aussi passionnants les uns que les autres. Huxley peint si bien des caractères si différents, et surtout fait exprimer à ses personnages des idées si variées et intéressantes, que ce qui ce dégage de ce roman, c'est une profonde sensation d'intelligence. J'ai eu l'impression de sentir l'intelligence de l'auteur derrière la valse des idées et des personnalités du roman. Et c'est une sensation très agréable, parce qu'on a l'impression de grappiller un peu de cette intelligence.
Dans Contrepoint, Huxley écrit "Il faut autant de travail pour écrire un mauvais livre qu'un bon ; il sort avec la même sincérité de l'âme de l'auteur." Et bien Contrepoint fait clairement parti des bons livres, et mêmes des excellents livres, ceux dont on sort un peu moins bête qu’avant. C'est riche, c'est intelligent, c'est passionnant. Je me demande bien pourquoi il n'y a pas d’édition récente, surtout que l’auteur du Meilleur des mondes est loin d’être un inconnu.
Tome 1 : 328 pages, Tome 2 : 306 pages, 1926, Librairie Plon
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