Un certain sourire (1956), deuxième roman de Françoise Sagan après le best-seller Bonjour tristesse. Je l'ai, exactement de la même façon, lu d'une traite en terrasse. On a l'impression d'une suite à ce premier roman : la narratrice, à peine la vingtaine, s'ennuie à la fac. Elle a un copain, qui l'ennuie, alors elle a une aventure avec l'oncle de son copain, marié, le double de son âge. Ils s'ennuient ensemble et, étonnamment, elle se retrouve à avoir des sentiments : ça lui fait bizarre.
Bof bof. Encore une fois, l'écriture est propre, il y a une réelle sensibilité, ça se lit avec une aisance presque pénible, mais c'est... fade. Plat. J'ai résumé la trame en deux ligne, et n'y a pas grand-chose de plus dans ce petit roman pop-corn. Je suppose que Sagan, qui a l'âge et la situation de son personnage, y met beaucoup d'elle-même. Sa narratrice est cynique, désabusée, à la fois intelligente et superficielle. Il me semble y voir une vague position nihiliste qui, après la parenthèse désespérée de l'entre-deux-guerres, fait le lien entre le roman décadentiste et le roman contemporain, où plus personne ne croit en rien, où l'occident n'a plus que le néant du marché, où on se vautre dans la déliquescence par désœuvrement idéologique. Qu'on me pardonne cette généralisation bancale voire réactionnaire : moi-même, plus qu'insatisfait par la toute-puissance du marché et par ses vagues et potentielles réformes ou alternatives, je souffre inévitablement de ce désœuvrement idéologique, et j'ai une relation ambivalente avec les œuvres qui l'explorent. J'aime cette exploration d'un fait d'époque qui me touche, mais je regrette le manque de flamme, d'énergie, bref, de véhémence existentielle. Ici, il n'y a guère d'exploration, plutôt un effleurement frustrant qui a la qualité discutable de l'accessibilité.
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