vendredi 10 juillet 2020
La fontaine Médicis - Joseph Kessel (Le tour du malheur 1)
La fontaine Médicis (1950) est en fait le premier tome d'une série de quatre romans qui, ensemble, forment une sorte de grand œuvre. On sent bien que ce volume ne tient pas vraiment sur ses pattes seul : de nombreux personnages y son déployés, mais ils sont loin d'être suffisamment développés ou d'aller jusqu'au bout de leur arcs narratifs.
La Grande Guerre est en fond, mais, contrairement à ce que pourrait laisser croire l’iconographie choisie par l'éditeur, elle n'est pas au centre du roman, et c'est pour le mieux. Kessel se concentre sur ses personnages et n'hésite pas à en introduire régulièrement de nouveaux. Au centre, Richard Dalleau, ainé d'une famille modeste qui s'engage pour aller au front. Il devient un homme, un adulte, et explore les tensions entre les désirs primaires et l'idéal. Aujourd’hui, ces questions, ces tensions, semblent un peu dépassées. Néanmoins, La fontaine Médicis, par son ampleur pleine de retenue, dégage une impression de modernité. Comme l'indique le titre du cycle (Le tour du malheur), ce n'est pas toujours très joyeux, parfois même glauque, mais on est pourtant loin d'une volonté de plonger dans les tréfonds de la noirceur : c'est l'horreur du quotidien, l'horreur qui germe des esprits illusionnés et immatures ou las et bancals. J’apprécie cette banalité du mal où les ravages de la guerre sont expédiés en quelques lignes pour laisser place à la multitude de personnalités qui entourent Richard Dalleau et qui parviennent à chacune incarner une facette de l'existence humaine. Une froideur chaude, ou une chaleur froide.
Au final, difficile de juger ce qui n'est que le premier quart d'un énorme roman. Je pourrais me laisser tenter par la suite, cette galerie d'esprits ne manque ni de couleurs ni de formes et leur destin pourrait même éveiller en moi un vague intérêt.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
"Un vague intérêt" ? J'ai souvenir d'avoir été littéralement transporté par la lecture de ce roman il y a... ho... au moins 25 ans...
RépondreSupprimerAlors j'avais au plus 3 ans ! Oui avec les années je deviens difficile à satisfaire litterairement, mais j'ai terminé ce bouquin, ce qui le place instantanément devant bien d'autres. Pour étoffer ma concluclusion il est vrai un peu morose, j'irais jusqu'à dire que je l'ai terminé sans déplaisir.
Supprimer