lundi 3 avril 2017
She - Rider Haggard
Un roman qui, étonnamment, serait l'un des livres les plus lus de tous les temps. En pleine ambiance victorienne, Holly, un type moche (oui c'est sa principale caractéristique) adopte sous l'insistance d'un ami mourant Leo, un enfant destiné à devenir un jeune homme magnifique (c'est aussi sa principale caractéristique). Accompagnés d'un serviteur chaste et obéissant, ils vont s'aventurer dans les coins reculés de l'Afrique à la poursuite du passé de Leo. Après quelques péripéties, ils tombent sur une sorte de vieux royaume décadent, habité par des sauvages et gouverné par une femme aussi belle que puissante, Elle. Cette reine, en plus d’être dotée d'une beauté renversante, aurait environ 2000 ans. Depuis ce temps là, elle attend le retour de son amoureux. Et Leo serait sa réincarnation.
She fait un peu son âge. C'est souvent verbeux, et globalement trop long pour ce que ça raconte. J'ai même sauté quelques pages. Aussi, c'est très victorien, misogyne et raciste. Mais ce n'est pas très grave, ça donne presque au récit un certain charme. Disons que c'est extremement ancré dans une époque, pour le meilleur comme pour le pire. Et globalement, ça reste un récit d'aventure fort plaisant. On se laisse prendre à l'exploration de ces contrées inconnues, au milieu de dangereux sauvages, sur fond d'anciens royaumes oubliés...
Autre détail, She est symboliquement très chargé. Une vraie mine d'or pour psychanalyste. Ce personnage de femme toute puissante, d'une beauté écrasante, immortelle, pouvant distribuer la vie ou la mort, rendant tous les hommes fous d'elle par un simple regard... Ambitieuse, passionnée et sans pitié, elle forme un agréable contraste avec les héros anglais, qui sont d'une triste rigidité. Elle semble même parfois sortie de l'avenir, j'ai rigolé quand elle explique à Leo que lui aussi deviendra inévitablement végétarien quand il aura accédé à un plus haut plan d’existence, ou quand Holly se met à rêver d'une époque où il serait possible à deux hommes d'aimer une même femme. Les héros anglais, enchainés dans la morale victorienne, voient les femmes comme des êtres dangereux, littéralement de viles tentatrices : Elle est le symbole de l'insécurité masculine face aux femmes. Je ne m'attarde pas trop, mais un point fort de ce roman, c'est qu'il laisse une place importante à l'interprétation. Le personnage de Elle, la philosophie qu'elle exprime comme les idées qu'elle incarne, pourraient même me donner envie de faire une seconde lecture.
407 pages, 1887, le masque fantastique
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