lundi 20 mars 2017
La chute dans le néant - Marc Wersinger
Un roman fantastique particulièrement riche et efficace. En fait, c'est un peu peu comme si il y avait trois romans en un tant on passe de choses simples à, disons, des événements plus surprenants. Première partie : notre héros, Robert, se réveille un matin avec, surprise, la capacité de se téléporter. Le voilà qui, guidé par sa curiosité naturelle, se met à expérimenter avec cette nouvelle capacité. Il se rend compte qu'il a aussi un puissant pouvoir de télékinésie. Cette première partie est celle de l'exploration, de l'apprentissage. Comme un apprenti super-héros, Robert s'entraine, se perfectionne, devient magicien professionnel, gagne bien sa vie et impressionne sa copine. Mais bien sur, il y a un prix à payer.
Seconde partie : tout part en vrac. Robert, à force d'utiliser ses capacités, se vide sa substance. Et cette substance se met à avoir sa vie propre. Là, le récit devient étonnamment sanglant. Il y a des morts, beaucoup de morts, des mares de sang et des têtes qui volent. Ce changement de ton est magistralement bien amené, et vraiment marquant après un début assez innocent.
Troisième partie : Robert part en vrac. Désormais considéré comme un meurtrier, conscient d’être un danger pour les autres, notre héros ne fait pas le fier. Et la matière continue de le fuir, les molécules s'échappent de son corps, il rétrécit à vue d’œil. C'est un cycle infernal : il est obligé d'utiliser ses pouvoirs pour se tirer de mauvais pas, du coup il rétrécit et est confronté à de nouveaux dangers... Là encore, l'auteur surprend par les pointes d'horreur qui viennent perturber son récit. Mention spéciale au moment où Robert, devenu minuscule, se fait dévorer un pied pendant son sommeil par un insecte. J'ai vraiment eu un mouvement de révulsion.
Bref, La chute dans le néant est incontestablement un classique méconnu du fantastique français. Sous une écriture douce et simple se cachent des moments puissants et une quasi-constante capacité à se renouveler. Un habile mélange de calme et de violence. A ranger à coté de L’œil du purgatoire de Jacques Spitz.
380 pages, 1947, l'arbre vengeur
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