En
France, à la fin du XIXe siècle, la littérature que l'on peut nommer
anticipation scientifique est dominée principalement par Jules
Verne. Pour concevoir ses romans, Verne imagine des progrès
scientifiques plausibles. Que ce soit le Nautilus de Vingt mille
lieux sous les mers ou le canon géant de De la Terre à la
Lune, ces inventions s'appuient sur des techniques connues et
maîtrisées à l'époque. Les submersibles et les canons existent
depuis de nombreuses années, ceux de Verne sont plus gros et plus
efficaces, recèlent quelques particularités étonnantes, mais
restent des objets familiers obéissant à des lois physiques
connues.
Ce
genre de vision place l'homme au centre de la création. L'homme
semble pouvoir observer, comprendre et maîtriser la nature qui
l'entoure. Cependant, pour observer son environnement, l'homme ne peut utiliser que les
sens avec lesquels il est né. Et si, au delà de ces sens, se
cachait toute une portion de la réalité qu'il nous est impossible
de percevoir ? Peut-être même que cette portion inaccessible
constitue la majorité de la réalité, et que ce qui s’offre à
nos regards n'en est qu'un fragment. Pour soulever le voile, on peut
compter sur une opportunité offerte aléatoirement par la nature, ou
sur le progrès technique. Rosny Ainé et Maurice Renard explorent
chacun l'une de ces options, avec des résultats fort semblables.
En
1895, Rosny Ainé publie Un autre monde. Le personnage
principal de cette nouvelle a dès sa naissance de nombreuses
particularités: sa teinte de de peau est violet pâle, ses yeux sont
étrangement opaques … Et depuis sa plus tendre enfance, sa
nourriture principale est l'alcool. Mais l’élément clé concerne
sa vision. Narrant sa jeunesse et sa familiarisation avec ses sens,
il explique qu'il peut « regarder le soleil sans en paraître
incommodé1 »,
que des matières transparentes pour nous, comme le verre et l'eau,
sont pour lui très troublées, ou encore qu'il ne voit pas certaines
couleurs communes mais perçoit entre le rouge et le violet « des
couleurs qui ne sont que nuit pour les hommes normaux 2».
On comprend donc que cet homme est né différent, probablement sans
raison particulière, par simple hasard de la nature. Et ses
perceptions dépassent de loin celles de l’être humain classique :
Le monde autrement coloré, le monde autrement transparent et opaque
– la faculté de voir à travers les nuages, d'apercevoir les
étoiles par les nuits les plus couvertes, de discerner à travers
une cloison de bois ce qui se passe dans une chambre voisine ou à
l'extérieur d'une habitation – ,qu'est tout cela, auprès de la
perception d'un MONDE VIVANT, d'un monde d’Êtres
animés se mouvant à coté et autour de l'homme, sans que l'homme en
ait conscience, sans qu'il en soit averti par aucune sorte de contact
immédiat ? Qu'est tout cela, auprès de la révélation qu'il
existe sur cette terre une autre faune que notre faune, et une faune
sans ressemblance, ni de forme, ni d'organisation, ni de mœurs, ni
de mode de naissance, de croissance et de mort, avec la notre ?3
Pour
mieux cerner ces créatures qui font l'objet de nombreuses
descriptions, il faut comprendre qu'elles sont « intangibles4 ».
Elles évoluent sur le même sol que nous, et si certaines matières
artificielles sont pour elles infranchissables, elles passent à
travers toute matière vivante, homme ou arbre, comme si de rien
n'était.
On
comprend facilement la différence radicale avec Jules Verne.
Descendant jusqu'au centre de la Terre, les aventuriers de Verne
découvrent des espèces certes fort anciennes, mais tout à fait
connues et ayant un mode vie aisément compréhensible. Rosny place
les Moedigen (nom que donne le narrateur à ces créatures) dans
notre proximité immédiate, et leur donne des caractéristiques tout
à fait étrangères. Pour le narrateur, un tel don est une plaie. A
qui communiquer de telles merveilles, qui ne le croirait pas fou ?
Habitant à la campagne, son adolescence s'écoule dans une solitude
morose, mais son esprit s'éveille. Et un beau jour, la décision est
prise : il faut aller en ville trouver un homme de science,
aussi bien pour assouvir un désir d'épanouissement que par volonté
de partager de précieuses connaissances. Après une arrivée
mouvementée à Amsterdam et une visite à l’hôpital, le mentor
tant espéré se présente opportunément en la présence du docteur
Van den Heuvel, « grand front chauve, regard puissant
d'analyste5 ».
C'est
une délivrance. Le monde de la science semble parfaitement opposé à
l'univers dans lequel le narrateur a grandit. Entouré de gens à
l'esprit pratique et à l'éducation limitée, il était vu comme un
handicapé, incapable à cause de sa constitution de réussir dans le
monde du travail. Or, en compagnie du docteur, ces soucis
disparaissent. Il n'est plus question de travailler, le docteur
« étant fort riche, et tout à la science6 ».
Arrive
le moment délicat : comment annoncer à un homme rationnel que
vit autour de lui tout un règne animal inconnu qu'il ne peut
percevoir ? Le narrateur joue la prudence. Il gagne la confiance
du docteur en lui faisant tout d'abord étudier sa constitution
particulière. Ce n'est qu'un an plus tard que la révélation peut
avoir lieu :
Je vis le docteur devenir pâle de la pâleur des grands savants
devant une nouvelle attitude de la matière. Ses mains tremblaient.
–
Je vous croirai ! dit-il avec une certaine solennité.
–
Même si je prétend que notre création, je veux dire notre monde
animal et végétal, n'est pas l'unique vie de la terre... qu'il en
est une autre, aussi vaste, aussi multiple, aussi variée...
invisible pour vos yeux ?
Il
soupçonna de l'occultisme et ne put s’empêcher de dire :
–
Le monde du quatrième état... les âmes, les fantômes des
spirites.
–
Non, non, rien de semblable. Un monde de vivants condamnés comme
nous à une vie brève, à des besoins organiques, à la naissance,
à la croissance, à la lutte …7
Pour
le scientifique, c'est le choc. La conversation est assez longue, le
docteur posant calmement de nombreuses questions, tentant de démêler
le vrai du faux. Puis, convaincu, il se laisse aller à l'émotion.
Il indique qu'il se sent « accablé », que tout
cela semble « désespérément lucide8 ».
Le choix des termes est important : ils ne dénotent pas de la
joie ou même de la curiosité face à la révélation, mais la
difficulté d'accepter de remettre en cause tout un système de
pensée et de savoirs durement construit par une vie de travail.
Impossible de classifier ces êtres dans des catégories connues,
toutes les constructions de la science s’effondrent. Comme le dit
le narrateur, « leurs propriétés sont trop contradictoires
pour l'idée que nous nous faisons de la matière9 ».
En
tant qu'homme de science idéal, le docteur parvient à mettre de
coté ses préjugés. La vérité viendra de l'expérimentation. Mais
bien entendu, le monde n'est pas prêt pour de telles révélations :
non seulement personne d'autre ne peut voir cet autre monde,
mais qui voudrait le voir ?
On
l'a dit, dans la nouvelle de Rosny Ainé, la découverte de ce monde
« parallèle » est due à un hasard de la nature, et
Maurice Renard s'en inspirera en 1921 dans le court roman L'homme
truqué. Renard revendique clairement sa source d'inspiration,
puisque dans une note, la seule du roman, il conseille au lecteur de
« lire à ce propos l'admirable nouvelle de J.-H Rosny.
intitulée: Un autre monde10 ».
Dans
ce récit, Jean, un jeune homme présumé mort pendant la Grande
Guerre, fait un retour surprenant dans la petite ville de Belvoux.
Jean, blessé par un obus dans l'enfer des combats, est devenu
aveugle. Avant de risquer de choquer sa mère par sa réapparition
soudaine, il préfère se présenter au docteur Bare, qui jouera le
rôle du scientifique ouvert d'esprit tentant de percer les mystères
qui s'offrent à lui, à l’instar du docteur Van den Heuvel chez
Rosny. Et la première chose que le bon docteur remarque, ce sont
sont les yeux de Jean. Des yeux artificiels, « des yeux de
statues11 ».
De simples prothèses, selon le jeune homme. Mais face à la sagacité
du bon docteur qui remarque que Jean a une vue étonnamment fine pour
un aveugle, celui-ci finit par révéler à contrecœur la vérité.
Une fois blessé et aveugle, il semble que Jean se soit fait vendre
comme cobaye à un groupe de savants. Enfermé dans une maison isolée
en Europe de l'est, il rencontre un autre scientifique :
Prosope. Prosope n'est pas un bon docteur comme Bare, c'est plutôt
la figure du savant fou, ou du moins du savant de génie prêt à
tout pour faire avancer la science mais aveugle aux émotions
humaines, sauf si elles peuvent être utiles pour manipuler un
cobaye. Il explique son projet à Jean, retenu contre son gré,
pendant de longues tirades passionnées :
Vous savez, [Jean], que l’œil est relié au cerveau par le nerf
optique, lequel transmet au cerveau les impressions lumineuses que
l’œil à perçues. Vous savez, d'autre part, que le nerf optique
ne peut envoyer au cerveau que des impressions lumineuses, et
point d'autres. Pincez-le, ce n'est pas une douleur qui en résulte,
mais la sensation d'une clarté. […] Mais si, à la place de l’œil,
j’installe un autre organe, et que je mette cet organe en
communication avec le nerf optique ; si, par exemple, je
remplace votre œil par un appareil auditif, ou, ce qui revient au
même, relie votre oreille au nerf optique, au lieu de la laisser en
rapport avec le nerf auditif, qu'arrivera-t-il ? Ceci :
votre oreille continuera à enregistrer les sons, mais ces sons, vous
les percevrez sous une forme lumineuse, puisque c'est là le seul
langage que le nerf optique sache parler. Vous verrez les sons.
[…] Vous n'ignorez pas que les
cinq sens de l'homme ne sauraient prétendre à lui donner la
perception totale de la matière en ses états différents. Cinq
sens ! Il en faudrait cent, peut-être mille, pour prendre
connaissance de tout ce qui existe ! […] J'ai remplacé vos
yeux par des façons d’électroscopes très perfectionnés. Ils
perçoivent du monde l'aspect électrique ; ils n'en perçoivent
pas d'autre, et, naturellement, votre nerf optique vous traduit cet
aspect sous forme de luminosités.12
Voici
donc le secret de Jean : il voit l’électricité. Première
différence notable avec le personnage de Rosny : Jean,
contrairement à son homologue, refuse d’être étudié, il
n'aspire qu'à la paix et à l'oubli. Il n'est pas né avec ce don,
et pour lui ce n'est pas une « véritable vue », c'en est
une pâle imitation. Jean n'est pas un scientifique, et après avoir
utilisé la capacité offerte par Prosope pour fuir sa captivité,
créant ainsi une savoureuse ironie du sort, il tentera à tout prix
de la cacher. Jean est ainsi le représentant du peuple, qui n'est
pas prêt ou n'a juste aucune envie de soulever les voiles de la
réalité. Ce n'est que sous l'insistance du docteur Bare qu'il
donnera les clés de sa perception. Commençons par laisser la parole
à Jean :
Imaginez une forme humaine constituée par l’enchevêtrement d'une
quantités de fils plus ou moins gros – une sorte de résille
incandescente, brûlant d'un feu violet, et reproduisant, par ses
entrelacs et ses ramifications aériennes, l'apparence légère et
anatomique de nos semblables. On aurait dit un homme construit comme
une racine d'arbre lumineuse, un homme branchu, dont le cerveau
faisait dans ma nuit un bloc de lumière duveteuse et dont la moelle
épinière s'allongeait, luminescente, comme un tube de Geissler en
activité13.
Ce
que Jean décrit ici, c'est tout simplement un homme, dont il ne voit
que le système nerveux, ou plus précisément l'électricité
circulant dans le système nerveux. On obtient des descriptions qui
ressemblent à des apparitions fantastiques tout en étant de la pure
observation scientifique. On pense notamment à la radiographie,
invention encore récente à l'époque, qui produit des effets
semblables et fait une apparition dans le roman quand Bare veut
utiliser ce dispositif de vision artificielle pour percer les secrets
des yeux artificiels de Jean, créant une intéressante mise en abîme
où la technique sert à observer la technique.
Maurice
Renard ne manque pas d'idées pour mettre en valeur les possibilités
étonnantes d'une telle variation des sens humains. Par exemple, il
n'y a pas moins d'électricité la nuit que le jour : Jean peut
donc voir dans l'obscurité la plus noire aussi bien qu'a midi. Et le
brouillard, qui pour le commun des mortels réduit grandement la
portée du regard, est pour lui un magnifique amplificateur de
vision. En effet, l'humidité ambiante transmet mieux l’électricité
qui parvient plus facilement jusqu'à ses yeux artificiels. La
plupart des parois sont pour lui translucides, sauf celles qui sont
isolantes, comme le verre. On pourrait croire que la Terre serait un
isolant efficace, mais cela n’empêche pas Jean de percevoir très
loin sous ses pieds le pôle magnétique de la planète, ainsi que
ses divers champs magnétiques.
Le
docteur Bare tente d'utiliser ces capacités à des fins altruistes
en leur trouvant des applications médicales. En observant le système
nerveux de malades, il semble possible de localiser et de comprendre
leur mal, et ainsi de les guérir. Mais quand Bare essaie de
percevoir par ces moyens « les fonctionnements de l'âme14 »,
il se heurte à l'échec… Au lecteur de se faire une faire une idée
sur les raisons de cet échec, que l'âme soit trop subtile pour tous
les sens humains, même augmentés par la science, ou qu'elle ne soit
rien de plus qu'un concept abstrait.
Toutes
ces merveilles ouvrent des possibilités scientifiques immenses, mais
n'offrent globalement que des occasions d'approfondir des aspects
déjà connus du fonctionnement de l'univers et de l'Homme. La
véritable découverte, qui forme le lien le plus étroit avec la
nouvelle de Rosny, est esquissée de façon si rapide qu'il est aisé
pour qui n'est pas particulièrement sensibilisé au sujet de passer
à coté. Comme pour le personnage de Rosny, les nouveaux sens de
Jean gagnent en acuité avec le temps. Et c'est sur son lit de mort
qu'il fera les observations les plus marquantes:
Autant que j'aie pu le comprendre, la première apparition avait
affecté pour Jean Lebris la forme d'un disque de brouillard violet,
animé d'un frémissement rotatoire. Ce disque traversa la chambre,
s'éloigna en perçant le plafond, et disparu. Mais, chaque jour, de
plus en plus distincts, d'autres disques vibrants se montrèrent au
moribond. […] Ce n'étaient plus des disques, mais des globes
légers, contenant une circulation vertigineuse. […] Une fois, il
m'avertit qu'un de ces globes s'était attaché à mon cerveau, et je
reconnais qu'alors je souffrais d'un mal de tête des plus pénibles.
Était-ce une coïncidence ? […] Qui prouve que l’accoutumance
des appareils fabriqués par Prosope n'a pas permis à Jean Lebris de
distinguer plus avant, et de découvrir un monde clandestin, un
peuple exclusivement formé d'électricité, constitué par un fluide
si subtil que nos détecteurs les plus impressionnables n'en sont pas
influencés ? Un homme, enfin, a-t-il pu entrevoir une des ces
races invisibles dont il est philosophique de dire qu'elles nous
environnent ? Et cette race use-t-elle à son gré de
l'humanité, sans que l'humanité s'en doute ? Lui devons nous
parfois la maladie, la démence, la mort ?... Je ne puis
résoudre la question, n'ayant pu savoir à quels moments Jean Lebris
délirait, à quels moment il ne délirait pas.15
L'hypothèse
d'un monde parallèle au nôtre est évoquée brièvement mais avec
force. Tout d'abord, cette révélation, si elle n'en constitue pas
la conclusion, intervient vers la la fin du roman. Le lecteur a
appris à se fier aux observations de Jean, et même si est évoquée
l’hypothèse du délire, jamais ses perceptions n'en paru
défaillantes auparavant. Il est donc tentant de lui faire confiance
cette fois aussi, mais quoi qu'il en soit, le concept est plus
important que sa potentielle réalité dans la fiction. Jean perçoit
donc ce qui semble être des formes de vies électriques, et le
narrateur emploie les termes sans ambiguïté de « peuple »
et de « race ».
Ce
peuple supposé, comme les Moedigen de Rosny, est pour nous
immatériel et invisible, mais le narrateur formule des hypothèses
assez inquiétantes. L'épisode du mal de tête potentiellement causé
par l'une de ces créatures suggère des interactions entre eux et
nous, interactions qui semblent à notre désavantage, comme s'ils se
nourrissaient de l’électricité circulant dans le corps humain.
Puis le docteur Bare, avec ces nouveaux éléments en main, se pose
l'éternelle question de la liberté de l'humanité. En quelque
lignes, on imagine une race humaine réduite à l'état de cheptel
par des êtres supérieurs sans que celle-ci ne n'en perçoive rien,
la faute à ses ses sens limités.
Au
delà de ces idées qui ne sont peut-être que pur fantasme,
l'efficacité des yeux de Jean pour ce qui est de l'augmentation des
sens humains semble incontestable. Et pourtant, pour le visionnaire
Prosope, figure du progrès sans limitations ni morale, ce n'est
qu'un petit pas en avant destiné à paver la voie vers de plus
grandes avancées :
Un jour, peut-être nos successeurs parviendront-ils à créer l’œil
complet, l’œil que les vibrations les plus lentes et les plus
précipitées pourront impressionner, l’œil qui verra les rayons
infra-rouge comme les rayons ultra-violets, la chaleur comme
l’électricité – l’œil enfin qui donnera du monde la vision
intégrale. Et alors il n'y aura plus lieu de distinguer la lumière
visible et la lumière invisible. Il n'y aura plus que LA
LUMIERE. Quelle beauté !16
On
perçoit donc l'évolution des idées sur la science depuis Jules
Verne. Celui-ci utilise avec inventivité toutes les techniques de
son époque, mais sans en inventer, plaçant l’être humain en
position de contrôle. Rosny Ainé, lui, évoque une science nouvelle
et inconnue, à priori imperceptible et incompréhensible. La place
de l'homme dans le monde change, car s'il est incapable de percevoir
tout un règne vivant à ses cotés, qui sait toutes les autres
choses qui lui échappent ? Puis Maurice Renard met en scène
dans son récit un dispositif créé par l'intelligence humaine et
permettant de jeter un regard vers ce qui était jusqu'à présent
invisible. Ainsi l'humanité semble capable de se frayer un chemin
dans les mystères de la nature, et c'est en commençant par accepter
le fait que ses perceptions sont limitées qu'elle peut chercher à
les développer. Paul Valery, dans ses Regards sur le monde
moderne, utilise la
métaphore de l'enfant pour évoquer ce phénomène. L'humanité est
comme un nouveau né dont l’œil « s'ouvre d'abord dans un
chaos de lumière et d'ombres, tourne et s'oriente à chaque instant
dans un groupe d'inégalités lumineuses », puis, à force
d'essais et de tâtonnements, « les forces de l'enfant
s'accroissent et le réel se construit comme une figure
d'équilibre17 ».
Assez modestes pour reconnaître que notre construction commune du
réel est certainement encore celle d'un enfant, Rosny Ainé et
Maurice Renard nous invitent à en avoir conscience tout en tentant
de voir plus loin, ne serai-ce qu'en littérature, pour commencer.
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