samedi 13 février 2016
L'argent - Zola
Zola s'attaque au monde de la finance. Saccard, personnage déjà présent dans La Curée, veut le succès. Accumuler les millions, détruire la banque juive, être adulé par les petits épargnants. Alors, accompagné d'associés malhonnêtes ou naïfs, il va fonder sa maison de crédit, l'Universelle, et affoler la bourse parisienne.
Dans l'univers de la haute finance, les choses sont très virtuelles. La cote d'une action ne représente pas d'autre réalité que la confiance placée en elle. Pour aller avec cette thématique, les personnages du roman sont chacun envahis d'un rêve qui les dévore, les pousse à rechercher, accumuler ou dépenser l'argent. Saccard bien sur, personnage de pure énergie, incarnation de la vie qui, comme l'agent, créee et détruit sans souci moral. Caroline, qui tente de modérer Saccard et qui, quoi qu'il arrive, sans faire exprès, est heureuse. Son frère, Hamelin, ingénieur de génie, envahi de grands projets qui ne sont rien sans le pouvoir de l'argent. Sigismond, le marxiste, totalement passionné par l'élaboration de la société idéale. La princesse d'Orviedo, ne cherchant qu'a expier les péchés de son mari en dilapidant en charité les millions accumulés par le brigandage légal. Gundermann, le roi de finance, tout dévoué à l'accumulation calme et tranquille d'un capital sans fond, alter ego de James de Rothschild. Sans compter tous les petits, tous ceux sur lesquels s'appuie la bourse, et qui sont régulièrement balayés dans les crises.
Dans le grand combat financier, Zola oscille entre les métaphores militaires et religieuses. La danse des millions est parfois une bataille sanglante, où ruse, manipulation et habilité tactique décident des vainqueurs et des perdants, ces derniers souvent blessés à mort, agonisant dans le fossé, leurs rêves réduits en miettes. A d'autres moment, c'est une vaste entreprise messianique, Saccard devant réunir ses fidèles, créer la foi et la confiance, jusqu'à ce que même ceux dont il cause la ruine voient en lui un grand homme de bien. Dans tous les cas, on ne sort guère du mensonge et de l'arnaque.
Et Zola conclut, après avoir sans souci emporté le lecteur dans cette opaque mais fascinante valse des richesses : « Il avait raison : l'argent, jusqu'à ce jour, était le fumier dans lequel poussait l'humanité de demain. L'argent, empoisonneur et destructeur, devenant le ferment de toute végétation sociale, le terreau nécessaire aux grands travaux qui facilitaient l'existence.»
500 pages, 1891, Le livre de poche
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