samedi 5 septembre 2015
L'homme qui s'est retrouvé - Henri Duvernois
Maxime Portereau est un homme dans la soixantaine, riche, oisif, solitaire, et pas très heureux. Un jour, un jeune inventeur sonne à sa porte, espérant récolter des fonds pour ses expériences. Il n'en faudra pas beaucoup plus pour que Maxime se retrouve dans un petit vaisseau spatial en direction d'une lointaine planète. La dimension scientifique du texte est rapidement expédiée, pour ne pas dire totalement absente, mais l’intérêt est ailleurs.
Ici, pas d'exploration spatiale ou d’interaction avec des extraterrestres. Cette lointaine planète, pour on se saura jamais trop quelle raison (à moins que le vaisseau ait fait demi-tour en chemin et que sa vitesse supra-luminique ait eu quelque effet secondaire) ... c'est la Terre. Exactement la même planète que Maxime a quitté, mais avec cependant une différence de taille : quarante années de retard. Une fois cette particularité comprise, Maxime se met en devoir de retrouver sa famille et son jeune lui-même âgé de vingt ans. Il veut, en se faisant passer pour un lointain cousin, offrir son aide et son savoir. En connaissant le futur, il devrait être facile de le changer. Mais Maxime se heurte à la dure vérité : donner de bon conseils ne suffit pas à changer les destins.
Le titre du roman, L'homme qui s'est retrouvé, est chargé d'une triste ironie. Maxime a certes retrouvé une version jeune de lui-même, mais ce jeune homme est bien différent de ses souvenirs : « Je marque une désillusion : je me serais cru plus beau, je me serais cru plus intelligent. Je me serais cru meilleur ... » Impossible d'aider sa sœur, son père, lui-même. Tous l'écoutent, mais restent braqué dans leur réalité et leurs opinions propres, et méprisent ce donneur de leçon sorti de nulle part. Tenter de prévenir la première guerre mondiale n'est bien sur pas chose plus aisée. Finalement, Maxime ne s'est pas absolument pas retrouvé, au contraire, un fossé s'est ouvert. Il contemple un jeune imbécile qui deviendra ce qu'il est. L'écriture d'Henri Duvernois est un délice, mélange de désillusion véritablement dramatique et d'humour noir savamment dosé. Je ne peux pas ne pas penser à Jacques Spitz, auteur de la même époque explorant des thèmes proches.
228 pages, 1936, L'arbre vengeur
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