dimanche 13 septembre 2015
L'Homme-fourmi - Han Ryner
Comme l'indiquent le titre et la couverture, le point de départ du livre est assez simple : la transformation d'un homme en fourmi. Octave passe rapidement sur sa vie d'humain, pour en venir à sa rencontre avec une fée. Naïf, Octave joue le jeu de l'étrange inconnue sans vraiment y croire ... et se retrouve à vivre dans le corps d'une fourmi pendant une année. On a bien sur droit à tout un tas de descriptions des activités de la fourmilière : le travail quotidien, la chasse, les récoltes, la guerre, la reproduction ... C'est le point faible du livre : on a parfois l'impression de se faire balader d'activités en activités comme dans un parc d'attraction.
Heureusement, Han Ryner a beaucoup plus a offrir. Dans l'esprit de l'homme-fourmi entrent en conflit la pensée humaine et la pensée fourmi. Et face à l'impossibilité de conserver les avantages de chacune de ces deux formes, le ton général du roman est emprunt d'une puissante mélancolie. Fourmi, Octave souffre d’être sexuellement neutre. Il aime une femelle, mais il n'est physiquement pas fait pour, ce qui l’amènera d'ailleurs jusqu'au meurtre. Humain, Octave regrette l'impression d'appartenance qui l'unit à la fourmilière, le sentiment d'accomplissement qu'il y a trouvé et les perceptions merveilleuses de ces petits êtres.
L'Homme-fourmi est presque un roman utopique. En effet, dans la société des fourmis décrite par Han Ryner, l'unité de la fourmilière est une sorte d'idéal inatteignable pour les humains. La fourmi va «joyeuse au travail libre, dehors ou dedans, selon sa fantaisie, selon la température, selon que son intelligence sentirait plus vivement tel ou tel besoin de la communauté». Mais face aux autres fourmilières, aucune pitié, c'est le meurtre à vue. Comme si chaque petite cité idéale avait un impérieux besoin de protéger son organisation si parfaite.
On pourrait reprocher à ce roman une certaine forme d’anthropomorphisme. C'est particulièrement visible à travers le personnage d'Aristote, fourmi très intelligente nommée ainsi par Octave. Aristote réfléchit, prend des décisions, fait le général pendant les batailles en restant en hauteur et en donnant des ordres ... Mais cet aspect est balayé par l'excellente dernière partie du roman dans laquelle les fourmis sont capturées par un humain qui à l'air de prendre plaisir à les étudier, tout en les faisant souffrir sans s'en apercevoir. Cela donne lieu à quelques savoureuses discussions entre Octave et Aristote, le premier essayant de prouver au second que les humains sont intelligents, mais sans grand succès ... Qui serait assez naïf pour croire que les montagnes qui marchent sur deux pattes peuvent penser ? Seules les fourmis sont intelligentes voyons !
262 pages, 1901, l'arbre vengeur
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Étonnant... et intéressant, j'en prends note, merci. ;)
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