Blind Lake est un vaste complexe, sorte de ville scientifique au milieu du désert, qui a pour fonction l'étude d'une lointaine planète et de la civilisation locale. Toute l'attention est focalisée sur le Sujet, individu extraterrestre sélectionné au hasard qui est suivi en permanence par une sorte de caméra virtuelle. Ce miracle technologique est rendu possible par des ordinateurs quantiques qui ont depuis longtemps échappés à la compréhension de leurs créateurs. Bref, on a donc là deux mystères enchevêtrés. Le roman commence au moment où Blind Lake est mystérieusement placé en quarantaine. Personne n'entre, personne ne sort, toutes les communications sont coupées. Les mois commencent à s'écouler et les questions à s'accumuler. Quelques personnages vont tenter d'y voir clair tout en essayant de gérer leurs problèmes personnels d'une dimension plus modeste : Chris, journaliste sortant d'une mauvaise passe, Marguerite, scientifique divorcée de Ray, leader de Blind Lake à la personnalité assez détestable, leur fille Tess, qui semble avoir quelques problèmes de personnalité ...
Robert Charles Wilson est connu pour faire de la science fiction "humaine", et c'est bien le cas ici. L'amourette entre Chris et Marguerite, leur lutte avec Ray, tout cela prend au moins autant de place que l'étude du Sujet. Ce qui n'a rien de mal en soi, bien sur. Par contre, les personnages ne me semblent pas spécialement riches. Chris culpabilise pour la mort de sa sœur, Ray est un connard parce qu'il a été traumatisé enfant par la mort de sa mère ... Disons que ces histoires de personnages dont la personnalité s'explique par un événement passé, cela me semble un peu grossier. Cela n'est pas mauvais, loin de là, les personnages sont malgré tout très humains et assez crédibles, mais cela reste assez perfectible. Et le même problème se pose pour la dimension SF du roman. Il y plein de choses intéressantes : essayer de comprendre le Sujet, de comprendre la nature des ordinateurs quantiques, qui vont s'avérer être bien bien plus que de simples ordinateurs ... Bref, il y a des questionnements judicieux sur la nature de la vie et de son évolution, comme sur la façon d'étudier des êtres totalement étrangers. Mais comment ne pas être un être un peu déçu quand on a si peu de réponses ? Difficile ici de pas trop en révéler, mais prenons un exemple anodin : Chris essaie de retrouver Tess, ses pas sont visibles dans la neige, avant de s’arrêter soudainement, de disparaitre. Pourquoi ? On ne saura pas, comme beaucoup d'autres événements étranges, il faut mettre ça sur le compte des mystérieuse capacités des ordinateurs quantiques.
Blind Lake est certainement un bon roman, fluide et plein de concepts intéressants. Dommage que des deux aspects du roman, le coté "humain" et le coté "sense of wonder", aucun ne décolle vraiment. Chacun de ces éléments a été ensuite, me semble-t-il, bien mieux maitrisé dans Spin.
478 pages, 2003, Folio SF
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