lundi 17 mars 2014

Abattoir 5 - Kurt Vonnegut


Abattoir 5 - Kurt Vonnegut

Billy Pèlerin est un homme étrange : son esprit se ballade entre les époques. Ou ses souvenirs sont-ils simplement confus ? Il a aussi été capturé par des extraterrestres. Ou peut-être cet aspect là de l'histoire n'est-il qu'une invention de son esprit ... Ce qui est certain, c'est que Billy Pèlerin, avant d’être un opticien à la vie plus ou moins tranquille, était un soldat. Enfin, pas vraiment un soldat. Disons plutôt un mec un peu paumé embarqué dans un conflit inhumain et irréel jusqu'à l'absurde. Et le sujet précis du roman, c'est le bombardement de Dresde. La fin de la guerre, une ville rasée, 135000 morts, et un Billy Pèlerin planqué avec d'autres prisonniers de guerre dans le sous-sol de l'abattoir 5.

Abattoir 5 a beau être court et accessible, c'est un  roman franchement complexe, qui mélange les genres et les époques. C'est plus ou moins une autobiographie : Kurt Vonnegut était à Dresde, dans le sous-sol de l'abattoir 5, il apparait même plusieurs fois aux cotés de Billy Pèlerin. Le premier chapitre est une sorte d'introduction dans laquelle l'auteur explique un peu son roman et sa genèse difficile. Vonnegut, plutôt que de simplement raconter son histoire, a préféré se creuser la tête pour communiquer cette histoire d'une façon légèrement détournée et surtout très originale. Malgré les éléments de SF, Abattoir 5 ne me semble vraiment pas être un roman de SF. Disons que tout cet aspect de l'histoire semble venir de l'esprit du protagoniste, comme une sorte de compensation aux traumatismes subis, même si ce n'est jamais dit clairement. Les extraterrestres, les Tralfamadoriens, ont en effet une perception des événements comme étant immuables et figés, il faut donc se résigner à ce qui est inévitable. Ainsi, à chaque fois qu'un décès est évoqué, le narrateur commente d'une façon très ... heu ... Tralfamadorienne : « C'est la vie». Le ton général est très tourné vers l'humour noir et l'absurde. On sourit souvent devant inventivité de l'auteur, aussi bien au niveau de la forme narrative que des événements ou des personnages. Kilgore Trout par exemple, un écrivain de SF à l'imagination débordante (les résumés de ses romans sont de petites perles ) mais sans aucun succès, qui est totalement abasourdi quand il rencontre en Billy Pèlerin son premier fan : un régal.

Abattoir 5 est une petite merveille d’inventivité. Le message antimilitariste en lui même n'est pas spécialement original, par contre les moyens d'y parvenir le sont. C'est créatif, surprenant et enthousiasmant. L'amateur de clarté et de logique qui est en moi était un peu septique au début, mais là, je suis conquis.

220 pages, 1969, Points

1 commentaire:

  1. Vonnegut s'est en effet livré là à un exercice périlleux qu'il réussit avec beaucoup de talent : mêler l'humour et l'horreur, l'absurde et l'Histoire...

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