Déjà, je dois quand même préciser que lire Dans les forêts de Sibérie juste après Walden de Thoreau, qu'on le veuille ou non, ne peut manquer de faire naitre dans l'esprit du lecteur (le mien en l’occurrence) certaines comparaisons pas forcément pertinentes. Je vais essayer de les mettre de coté.
Sylvain Tesson décide donc de partir vivre 6 mois sur les rives du gigantesque lac Baïkal, dans une petite cabane isolée de neuf mètres carré. Logiquement, on a droit à un récit d’ermitage. Ce qui frappe le plus, c'est la température : jusqu'à moins trente degrés. Pas mal de gens se seraient choisis un coin un peu plus tempéré, mais c'est cet exotisme qui fait le charme du livre. Et pour oublier le froid, la vodka coule à flot. La place de l'alcool est vraiment étonnante dans ce récit, la vodka accompagne toujours les rencontres avec les locaux (qui par ailleurs sont très bien décrits, en tant que Russes typiques), mais aussi de nombreuses soirées solitaires de Sylvain Tesson. Cela contribue à rentre l'ensemble sinon déprimant, du moins pas très gai. Il fait froid, il a la gueule de bois, des ours rodent, il manque de se noyer dans le lac, il y a une tempête, quand le soleil se pointe il amène les moustiques avec lui, il se fait larguer par sa copine ... Par contre, l’ordinateur qui implose au bout de quelques jours, ça c'est plutôt marrant. Et mon expérience personnelle (certes beaucoup, beaucoup plus modeste) approuve : seul dans la nature, on souffre, on est fatigué, on galère, mais au final on se sent libre, vivant, et on adore ça.
Au niveau de l'écriture, c'est maitrisé. Un style simple et fluide, une progression chronologique au jour par jour, le récit des faits agrémenté de nombreuses réflexions souvent pertinentes (quoique pas très développées). C'est plutôt léger, mais dans le bon sens du terme : ça se lit tout seul tout en étant relativement riche. Un petit point qui m'a gêné cependant. Sylvain Tesson revient souvent sur la définition de l’ermite, le fait de refuser de faire partie du monde, d’être totalement indépendant ... C'est oublier un peu vite d'où viennent les caisses de nourriture qui lui permettent de survivre, sa vodka, ses cigares, ses panneaux photo-voltaïques, son canoé en kit, ses livres ...
Au final, Dans les forêts de Sibérie est un très sympathique récit fort bien écrit qui fait plonger sans difficulté le lecteur dans les joies sibériennes. Par contre, mieux vaut ne pas s'attendre à une folle aventure pleine de danger et de solitude absolue : Sylvain Tesson passe la plupart de son temps à se balader, lire, recevoir des pêcheurs russes ou des amis français et dire du mal de la société qu'il a quitté. Une petite citation pour finir : "Rien ne vaut la solitude. Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu'un à qui l'expliquer."
2011, 290 pages, Folio
J'ai lu petit traité sur l'immensité du monde de lui. Sympa mais un peu court. Je retiens celui-là.
RépondreSupprimerSympa mais un peu court ... et léger. C'est en gros ce que je pourrai dire pour celui là aussi. Mais ça reste une chouette lecture, très fluide.
RépondreSupprimerTiens, il me faisait justement de l'oeil alors que ce genre de récit ne me tente pas d'habitude. J'attends qu'il arrive en bibli...
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