vendredi 15 février 2013
Malpertuis - Jean Ray
Malpertuis est, à ce que j'ai entendu dire (ou plutôt lu sur le web), un classique du fantastique français. Jean Ray est comparé à Lovecraft sur la quatrième de couverte et l'illustration est fort jolie. C'est un bon début.
Malpertuis est une vaste maison, voir un manoir. Un maison pas très normale. Le roman se présente sous la forme de plusieurs récits réunis par un narrateur qui se fait discret. La trame principale nous fait suivre un jeune homme de vingt ans qui, à la mort de son oncle, va avec quelques autres personnages aller habiter à Malpertuis. En effet, l'oncle en question lègue à ses héritiers une considérable rente à condition que ceux ci habitent dans l'étrange maison. Et, chose étonnante, il n'y en a pas un pour protester : ils laissent tout tomber et s'installent à Malpertuis. Chose encore plus étrange, ils n'en sortent quasiment jamais. Ils n'ont pas de vie, il passent tout leur temps à glander à Malpertuis, ils ne dépensent même pas l'argent qui est censé être la cause de ce déménagement. Cet étrange comportement est en partie expliqué par la suite, mais pas suffisamment pour rendre le tout crédible. D'autant plus que les manifestations maléfiques ne manquent pas : mais ils s'en foutent, ils restent. L'ensemble est très classique : unité de lieu et événements mystérieux qui soulèvent vaguement l’intérêt du jeune héros (qui d'ailleurs n'a ni amis, ni travail, ni études, ni passion).
Dans la seconde partie, on s'éloigne de Malpertuis, même si la maison reste bien sur au cœur de l'intrigue. Et là, le lecteur va bouffer de la religion. Dieu par ci, Dieu par là, Bien contre Mal ... Le comble du ridicule est atteint quand un Dieu antique évoque "le Nazaréen et sa croix victorieuse" et son "immense Dieu". Sérieusement, c'est trop là. L'explication à tous les mystères a également été loin de me satisfaire. Certes, c'est du fantastique, mais c'est présenté d'une telle façon que ce n'est pas crédible. En effet, les forces maléfiques, sous prétextes qu'elle ne savent pas vraiment qui elles sont, sont tantôt méchantes tantôt inoffensives, en fonction des besoins de l'auteur.
Je ne voudrais pas avoir l'air de dire que Malpertuis est nul, loin de là : il se laisse malgré tout lire avec plaisir, et réserve même de bons moments horrifiques. C'est simplement un bon roman fantastique qui n'a pas su passer l'épreuve du temps. A sa parution en 1943 il devait être très efficace, mais aujourd'hui, il est un peu hors-sujet. Je ne prétend pas m'y connaitre en fantastique français, mais les romans de Jacques Spitz, écrits à la même époque, n'accusent pas du tout leur age et sont bien plus intéressants.
191 pages, 1943, J'ai lu
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