mardi 4 décembre 2012
Le chemin de l'espace - Robert Silverberg
Le chemin de l'espace ne fait pas partie des romans les plus connus de Silverberg : il a été écrit en 1967, juste avant la période la plus faste de la carrière de l'auteur, je ne savais donc pas vraiment à quoi m'attendre. Et au passage, je signale le titre original : To open the sky. C'est quand même plus classe.
Si je me suis procuré ce roman, c'est certes parce que j'adore Silverberg, mais aussi parce que son thème m'attirait particulièrement : la religion. Le récit se découpe en plusieurs parties, chacune suivant différents personnages que l'on retrouve cependant par la suite avec quelques années en plus. Il y a parfois au début de ces gros chapitres un tout petit résumé des événements précédents (peut être que le roman est paru en épisodes dans un magazine), mais c'est suffisamment discret pour ne pas être gênant. Le récit débute en 2077, alors que la Terre, surpeuplée et plongée dans une certaine confusion, voit apparaitre une nouvelle religion : les Vorster, du nom de leur messie, Vorst. Et ils sont en pleine expansion. Les religions classiques déclinent, n'étant plus adaptées à l'état du monde, et les Vorster ne commettent pas les mêmes erreurs qu'elles. Leur culte est basé sur deux projets clairs, pragmatiques et scientifiques : donner à l'humanité l'immortalité et la conquête spatiale. C'est là une force du récit : on est plongé au cœur du mouvement, et si les millions puis les milliards de fidèles de base sont emplis d'une puissante ferveur religieuse, ceux qui se hissent au sommet le sont beaucoup moins. Pourtant, ces personnalités dirigeantes sont loin d’être mauvaises, et Silverberg se place loin de tout jugement. Ces leaders croient sincèrement en leur cause, car elle unifie l'humanité vers un but commun que l'on peut objectivement qualifier de bon. Et si pour cela la masse a besoin de rituels, de litanies, de symboles à vénérer, de prêtres à écouter et d'un chef suprême à vénérer, qu'il en soit ainsi. Quoi que, les leaders aussi sont sensibles à ces rassurantes habitudes que leur donne leur religion.
Le roman s'étale sur près de 100 ans, ce qui non seulement offre une vision d'ensemble et sur le long terme du mouvement Vorster, mais permet aussi à l’auteur de proposer de nombreuses situations et ainsi de maintenir l’attention du lecteur à plus court terme. Que l'on suive un diplomate devant escorter un ambassadeur martien sur Terre, un jeune acolyte devenu espion à la solde d'un mouvement hérétique ou encore un missionnaire chargé de convertir les très hostiles colons de Vénus, les situations sont variées et contribuent chacune à donner vie à un univers cohérent tout en développant sa toile de fond.
Le chemin de l'espace ne fait certainement pas partie des chefs-d’œuvre de Silverberg, il n'a ni la force ni la profondeur des Monades urbaines, par exemple, ce qui ne l’empêche pas d’être un fort bon roman tout à fait recommandable. Et l'air de rien, cette vision du futur de la religion est toujours assez actuelle ... Si le sujet vous plait, Le chemin de l'espace ne peut qu’être une lecture plaisante et intéressante.
245 pages, 1967, J'ai lu
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