mardi 6 novembre 2012
La valse aux adieux - Kundera
La valse aux adieux est un titre qui a parfaitement sa place dans l’œuvre de Kundera. En plus d’être fort joli, il en reprend les deux caractéristiques principales : la légèreté, à travers la valse, et le sérieux, à travers le terme "adieu". Bref, Kundera, c'est le sérieux traité avec une très grande légèreté. Une légèreté souvent drôle, mais tout aussi glaçante.
Quelques personnages évoluent à l'image d'une valse, voilà en gros le sujet de La valse aux adieux. La comparaison avec la danse est très appropriée puisque le récit ne s'écoule que sur quelques jours et prend place dans une ville d'eau, lieu propice aux rencontres comme on a pu s'en rendre compte dans de nombreux romans du 19ème siècle (Le joueur de Dostoïevski par exemple). Ainsi, la majorité des personnages ne sont que de passage et n'ont rien d'autre à faire que se rencontrer. Ces derniers, comme toujours chez Kundera, disposent d'une personnalité profonde, et certains sont très décalés, comme ce gynécologue qui féconde discrètement une bonne partie de ses patientes avec sa propre semence. Entre celui-ci, le joueur de trompette qui trompe sa femme, l'ancien détenu nostalgique qui s’apprête à quitter son pays, l'infirmière qui espère une vie meilleure, le riche américain complétement loufoque qui est presque au sens propre un saint et quelques autres, les personnages sont aussi variés qu'intéressants.
Le point de vue passe de l'un à l'autre avec une grande fluidité, nous suivons leurs rencontres et leurs tourments intérieurs, et la plume de Kundera sait vraiment passionner quand il s'agit d'évoquer ce qui se passe dans la tête de ses protagonistes, il a une maitrise totale de son sujet. Chacun a ses obsessions, ses traits particuliers. Comme le roman a été écrit en 1973, le système politique en place en Europe de l'est à cette époque-là a une influence légère mais certaine sur l'histoire, ce qui permet au lecteur d'envisager cet aspect de la société de façon fluide, sans aucune lourde description historique. Comme dans mes précédentes lectures de Kundera, la mort va venir frapper, mais légèrement, presque comme si de rien n'était.
Cette légèreté glaçante est un style, et un très bon style. S'il ne surpasse pas à mes yeux L'Immortalité, La valse aux adieux est un très bon cru de Kundera, un excellent roman. Si vous ne connaissez pas Kundera, je ne peux que vous encourager vivement à rentrer dans la délicieuse valse de ses personnages, parce que moi j'adore.
350 pages, 1973, Folio
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Bel article. Je connaissais Kundera avec L'insoutenable légèreté de l'être. Je vais lire celui dont tu parles.
RépondreSupprimerUn vieil article, étonnant pour moi de le reparcourir. Quoi qu'il en soit, bonne lecture !
SupprimerOui merci c'est le but!
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