lundi 29 octobre 2012
L'homme dans le labyrinthe - Robert Silverberg
J'aime beaucoup Robert Silverberg. Son parcours littéraire est très particulier : il a écrit quasiment tout ses romans les plus intéressants dans une courte période de sa vie, entre 1968 et 1972, avec notamment Les monades urbaines, L'oreille interne, Le fils de l'homme, Les déportés du Cambrien ou encore La tour de verre, pour ne citer que ceux que j'ai lus. Et aussi L'homme dans le labyrinthe, puisque c'est de ce livre qu'il va être question ici (livre qui, en passant, a une très jolie illustration de couverture, plutôt originale).
En gros, c'est l'histoire d'un homme qui est dans un labyrinthe. Hey, ça n'a l'air de rien comme ça, mais Robert Silverberg a du talent ! L'heureux lecteur va pendant les quelques 300 pages du roman suivre trois personnages à la personnalité très prononcée. Tout d'abord, il faut savoir que le labyrinthe en question se trouve sur une lointaine planète, il s'agit de vestiges abandonnés par une civilisation éteinte depuis des millions d'années. Le temps a passé, mais les très nombreux pièges qui protègent le centre de la structure sont encore vivaces ... Richard Muller est l'homme en question, et il n'est pas dans le labyrinthe par hasard : il s'y est exilé lui même et y a vécu neuf ans dans une solitude absolue. Pourquoi donc ? La réponse à cette question nous sera offerte au fil du roman, lors de flashbacks, qui forment une narration parallèle. Charles Boardmann est un vieux diplomate désabusé, il dirige l'expédition chargée de pénétrer dans le labyrinthe pour débusquer Muller, qui n'a pas l'intention de quitter sa retraite. Et enfin, Ned Rawlins, également membre de l'expédition, est l'interface entre les deux protagonistes précédents. Encore jeune et plein de beaux idéaux, il va devoir persuader Muller de le suivre. Pourquoi faire ? Cela aussi on ne l'apprendra qu'au fil du récit, mais ce qui rend Muller si unique, et qui a est également la cause de son exil, c'est le fait qu'il est revenu d'un voyage chez une race extraterrestre avec un don qui est aussi une malédiction : aucun homme ne peut l'approcher sans ... heu ... en fait non, je ne vais pas le dire, la découverte progressive des différents éléments scénaristiques est une grande réussite du livre, je ne voudrai pas la gâcher. Et j'espère aussi éveiller votre curiosité, car le livre est vraiment excellent. Bien sur, il s'agira de faire face aux dangers du labyrinthe, et même s'il ne fait aucun doute que cet aspect du livre est diablement réussi, il ne s'agit pas de son atout principal. Ce qui compte avant tout, ce sont les relations entre les trois personnages décris plus haut : l'un profondément misanthrope et imprévisible, dévoré par son égocentrisme et sa haine, l'autre prêt à tout pour parvenir à ses fins et le dernier, le seul conservant une touche d’innocence (qui bien sur sera perdue à la fin), hésitant sur la conduite à tenir. Ils vont s'affronter par le mensonge et la manipulation, et c'est vraiment passionnant. Petit regret cependant concernant les quelques protagonistes féminins : elles ont toutes l'orgasme facile et sont passives et soumises. Certes, on s'en fout un peu pour juger de la valeur littéraire du bouquin, mais ces aspects m'avaient également frappé dans les livres cités en intro (mais ma mémoire peut me tromper), ce serait intéressant de faire une étude de la vision de la femme qu'avait Silverberg dans ses romans, qui ne manquent généralement pas de scènes de sexe.
L'homme dans le labyrinthe est très bien écrit, intense sans oublier d’être intelligent, propose des personnages profonds et une très belle fin. Que demander de plus à un bouquin de SF (ou à un bouquin tout court) ? Oui, j'aime vraiment beaucoup Robert Silverberg, et vu sa colossale bibliographie, nul doute que quelques autres de ses romans passeront par mes mains à l'occasion.
307 pages, 1969, Le livre de poche
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