mardi 3 juillet 2012

L'immortalité - Milan Kundera

L'immortalité - Milan Kundera

Le lecteur prenant pour la première fois L'immortalité en main et voulant se renseigner sur le contenu du livre en examinant la quatrième de couverture risque d’être un peu désappointé. En effet, on est loin d'y trouver un synopsis de l’œuvre puisque l'éditeur a fait le choix d'y exposer son sommaire. Et celui ci est bien étrange. Il se compose de sept parties, nommées ainsi : Le visage, L'immortalité, La lutte (partie contenant plein de sous parties aux titres variés), Homo sentimentalis, Le hasard, Le cadran, et pour terminer La célébration.

Pourquoi un tel choix, qui risque de faire fuir le lecteur ne sachant pas que Kundera est un excellent écrivain ? L'auteur nous donne la réponse dans le livre. Kundera nous explique qu'un roman ne doit pas être linéaire, ne doit pas être racontable, qu'un livre doit chercher à faire ce qui est impossible dans d'autres genres, notamment le cinéma. On comprend mieux maintenant la quatrième de couverture : L'immortalité n'est pas synopsisable (oh le joli néologisme que voilà !).

Et quand je dis que Kundera nous explique cela, c'est bel et bien vrai : il se met lui même en scène dans son roman. Il n'est pas le personnage principal (il n'y en a pas), mais il se place habilement en relation avec ses personnages à travers le professeur Avenarius (personnalité inspirée de Richard Avenarius, philosophe allemand, merci Google), protagoniste savoureux qui a pour passion de crever des pneus de voiture la nuit, car il déteste les voitures, et qui roule en Mercedes le jour. Pour ce qui est des autres intervenants, ils sont très variés : si l'on passe de Goethe à Hemingway, ceux avec qui l'on passe le plus de temps sont des hommes et des femmes qui entretiennent entre eux (et avec d'autres encore) de complexes relations amoureuses. On saute entre tous ces personnage de façon non chronologique, mais le talent de Kundera fait que tout s'enchaine à merveille. Et finalement, les histoires de Goethe et de ces parisiens modernes se complètent merveilleusement bien.

Il y a un point qui ne faut pas oublier d'aborder à propos de L'immortalité : sa richesse. Car le roman confine parfois presque à l'essai, notamment quand Kundera analyse les chastes relations entre Goethe et Bettina, qui fut plus ou moins l'amante du poète. Si j'ai trouvé ces passages un poil moins intéressants que le reste, c'est bien la seule chose que je peux reprocher au roman, qui est d'une générosité incroyable. Il nous offre une telle richesse de situations et de réflexions passionnantes qu'il doit bien être possible de le qualifier de chef d’œuvre. Les personnages sont tellement humains, vrais, mais ce n'est pas tout : leurs sentiments et leurs comportements sont également souvent analysés, expliqués, et fort bien. On a même droit à un peu de loufoque (merci Avenarius).

L'immortalité est une petite merveille, un bouquin riche et intelligent. Attention toutefois à le prendre pour ce qu'il est : ce n'est (à mon sens) pas le genre de livre que l'on lit quand on est fatigué et que l'on a juste envie de s'évader. Quoi que, c'est tellement bien écrit, ça se lit tout seul ... Bref, j'ai adoré.

1990, 535 pages, Folio
CITRIQ

2 commentaires:

  1. Voilà qui me rappelle que je n'ai plus retenté l'auteur depuis que je l'ai découvert avec "La lenteur", que j'avais pourtant aimé. Je note le titre pour voir si je le trouve...

    RépondreSupprimer
  2. L'insoutenable légèreté de l’être est excellent aussi, en étant un peu plus "classique" dans la forme ;)
    J'ai hâte de lire d'autres bouquins de Kundera.

    RépondreSupprimer