mardi 19 mars 2019

Fictions - Borges


Fictions - Borges

Il y a plusieurs de ces courts textes (j'ai du mal à les appeler Fictions) qui m'ont laissé de marbre. Je n'ai même pas pu en terminer certains, tant la forme alambiquée et l'obscurité volontaire de Borges sont parfois frustrante. En revanche, il y en a certains, dans cette masse hétérogène, que j'ai beaucoup apprécié. Dans le premier, Tlön Uqbar Orbis Tertius, la fiction prend peu à peu le pas sur la réalité. Il m'a fait penser aux nouvelles oniriques de Lovecraft. La Loterie à Babylone est presque une dystopie : ou comment une ville plonge progressivement dans un culte du hasard. Tout la vie sociale devient un jeu, et finalement le jeu devient la vie sociale. La Bibliothèque de Babel, peut-être mon texte préféré, m'a fait penser aux illustrations de Schuiten. Cette bibliothèque est tellement géante qu'elle est l'univers entier. Si elle est infinie, elle contient sous forme de livres toutes les combinaisons possibles de caractères. C'est une belle façon de poser la question d'un univers infini. A l'intérieur, les bibliothécaires cherchent du sens comme ils le peuvent. Funes et la Mémoire et Le Miracle Secret offrent d’intrigantes variations sur la perception du temps. Dans le premier texte, un personnage a une mémoire tellement parfaite que, au final, il possède dans le souvenir de ses années passées de quoi s'occuper pendant l'éternité. Dans le second, un condamné à mort se voit offert une année supplémentaire pour terminer son œuvre : mais cette année se déroule uniquement dans son esprit, face au peloton d'exécution, pendant que le reste du monde est figé.

Je ne sais que trop penser de Borges. C'est soit fort stimulant, soit exaspérant, et rarement les deux à la fois. Il me semble qu'il réussit plus quand son écriture se rapproche d'un récit à peu près limpide, c'est à dire quand le lecteur peut se plonger dans ses étonnantes idées sans avoir à jouer à l'universitaire. Et il y a là un rapport au monde assez unique, où la réalité est labyrinthique et insaisissable.

183 pages, 1941 & 1944, folio

2 commentaires:

  1. J’ai lu plusieurs livres de Borges, « Fictions », « L’Aleph », « Le Livre des êtres imaginaires » et je suis à chaque fois un peu passé à côté. Je ne les ai peut-être pas lus au bon moment, peut-être trop jeune, je ne sais pas. Je n’exclus pas de retenter ma chance un jour.

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    1. J'ai aussi commencé L'Aleph, mais je ne le terminerais sans doute doute pas. Son style est vraiment frustrant.

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