vendredi 26 janvier 2018

Mars la rouge - Kim Stanley Robinson


Mars la rouge - Kim Stanley Robinson

Premier tome d'une colossale trilogie sur la terraformation de mars. La taille de la chose n'est pas à mettre de côté, parce que c'est long, très long, trop long. Et les deux autre tomes sont, je crois, encore plus massifs.

L'ambition du roman est remarquable. Mars est colonisée, tout d'abord par une centaine d'intrépides scientifiques et techniciens dont quelques-uns seront les personnages principaux. Puis les années passent, les décennies passent, et on se retrouve une trentaine d'année terriennes plus tard avec un million d'habitants sur Mars. Pas moins. Kim Stanley Robinson ne fait pas dans la demi-mesure, il s'agit bien de l'évolution scientifique et sociétale d'un monde entier sur plusieurs décennies. Vaste projet.

Si la trame est dans l'ensemble chronologique, commençant dans le vaisseau des cent premiers en direction vers Mars, le premier chapitre donne un aperçu d'une phase bien avancée de la colonisation. Un personnage principal y assassine un autre personnage principal. Cela fonctionne bien pour capter l'attention du lecteur : comment ces colons en sont-ils arrivés là ? Mais, même quand la trame chronologique rejoint et dépasse ce point du récit, je ne suis pas vraiment certain d'avoir compris ce meurtre. Des désaccords politiques accompagnés d'un peu de jalousie amoureuse... Mais quels désaccords politiques exactement ? C'est symptomatique d'un problème général dans Mars la rouge : l'échelle géopolitique est tellement vaste, incluant une multitude de factions martiennes et terriennes sur des décennies, que souvent on ne comprend qu'à moitié les événements. Les personnages passent souvent leur temps en itinérances sur Mars, offrant un plaisant aperçu de tout ce qui s'y passe, de la complexité du fourre-tout sociétal qui s'ébauche, mais le flou règne souvent. Cette jalousie aussi est problématique. Disons qu'une quantité impressionnante de pages sont consacrées à un triangle amoureux pas très intéressant. Kim Stanley Robinson écrit plutôt bien, mais ces amourettes où les persos se comportent parfois comme des lycéens sont frustrantes. D'ailleurs, tout semble trop long, trop développé. Pas comme s'il y avait des passages inutiles, mais comme si la plupart des passages étaient enflés, trop détaillés pour leur propre bien. Du coup, l'attention du lecteur décroche un peu trop régulièrement.

Malgré tous ces écueils, Mars la Rouge reste captivant. L'auteur s'y connait scientifiquement, c'est clair, et certaines trouvailles sont vraiment marquantes. On se prend d'intérêt pour cette planète et ses colons, on est curieux de voir où cette aventure extravagante va les mener. Le final est cataclysmique, et s'il on a du mal à comprendre les tenants et les aboutissants du conflit qui en est la cause, l'échelle des événements est remarquable. Si jamais je lis la suite, ce ne sera sans doute pas pour tout de suite : je ressens le besoin de reprendre mon souffle et d'inspirer de l'air frais, comme un colon martien en pleine dépressurisation.

484 pages, 1992, omnibus

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