mercredi 21 septembre 2016
Les jardins statuaires - Jacques Abeille
Les jardins statuaires, c'est de la fantasy qui, étrangement, a le privilège de se mêler à la littérature générale. On trouve en quatrième de couverture cette petite description : « À la fois récit d'aventure, conte initiatique et rêve éveillé... » Oui, bon, c'est de la fantasy quoi. Ce doit être la grande sobriété de l'ensemble et l'écriture d'un classicisme parfois lassant qui permettent à ce roman de passer à travers les mailles du filet. Et, comme toute fantasy qui se respecte, il y a un certain nombre de suites prenant place dans le même univers.
Tout commence comme un récit d'exploration. Un voyageur anonyme raconte à la première personne sa découverte progressive de la contrée des jardins statuaires. Et, bien que parfois très lent, le roman m'a tout à fait séduit dans sa première moitié, voir ses deux premiers tiers. Et ce pour une raison toute simple : le curiosité de découvrir un monde étrange et ses mœurs. Ici, dans de nombreux domaines isolés les uns des autres, les hommes cultivent les statues comme d'autres cultivent les fraisiers ou les poireaux. Il se dégage de ce monde une aura de mystère calme, et, comme le voyageur, on a envie d'en savoir plus, de partir en randonnée pendant des semaines dans cette région à la fois accueillante et oppressante.
Mais une fois que l'exploration est terminée, l’intérêt retombe, et ce pour plusieurs raisons. Le narrateur n'a guère de profondeur psychologique. Tant qu'il n'est qu'un voyageur, c'est parfait : il est principalement défini par sa curiosité, tout comme le lecteur. Mais quand le récit s'attache ensuite à sa vie personnelle, cela tombe un peu à plat. La vague histoire d’amour n'est guère intéressante, et les quelques personnages féminins ont presque tous l'inexplicable manie de venir la nuit se frotter à lui. Ensuite, le monde perd beaucoup de son charme. Une fois l'exploration terminée, les jardins statuaires semblent terriblement figés et peu intéressants, définis par quelques traditions que l'on pourrait résumer en deux ou trois pages. C'est un peu un problème que j'ai avec la fantasy en général : il n'y aucune impression de progrès, tout est comme tout a toujours été et sera toujours. Une fois le voile de mystère enlevé, on n'a plus l'impression d'une société vivante, peuplé d'une infinie variété de personnalités, coutumes et possibilités. Juste un unique tableau, froid et immuable. Au pire, les barbares du nord vont semer un peu le chaos, c'est tout.
L’intérêt des Jardins statuaires vient du sentiment d'explorer un monde étrange et différent. Et le roman est très bon à cela, il m'a vraiment happé pendant plusieurs centaines de pages. Mais le chemin est plus intéressant que la destination, et une fois ce monde cerné, on s'y attarde trop longtemps, et la magie retombe. La région devient comme les statues qui y poussent, immobile et stérile.
573 pages, Folio
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Ce titre me tentait, ainsi que les suivants, puisque d'après ce que j'ai compris, il y a une suite, mais j'attendais de lire des avis à son sujet... j'avoue que le tien, du coup, a refroidi mon enthousiasme. Si au bout du premier volume, on commence à se lasser, cela n'augure rien de bon pour la suite ...
RépondreSupprimerC'est le type de bouquin où il est délicat de faire des recommandations, mais si tu aimes le genre, tente le coup à l'occasion, ça a le mérite de sortir de l'ordinaire.
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