mardi 6 octobre 2015

Les hommes frénétiques - Ernest Pérochon


Les hommes frénétiques - Ernest Pérochon

Encore un roman qui prévoit l'autodestruction de l'humanité. Dans un millier d'années, après un long âge sombre, la science a finalement triomphé. Il n'y a plus de nations, plus de religion, et plus de soucis d'énergie. Mais, évidement, cela ne saurait durer ... Le lecteur suit un couple de scientifiques  aux prises avec la stupidité des hommes, mais, la plupart du temps, le narrateur omniscient se contente de décrire l'évolution de la situation politique de la planète. Et souvent ce n'est pas très passionnant, les motivations de chaque groupe étant plus que floues. De plus, le ton semble parfois d'un autre âge. On trouve souvent des termes comme « élite », « masses », « race blanche », « jaunes », « nègres », « mulâtres » ... Rien de bien méchant si l'on se place dans le contexte (1925), mais parfois on ne peut s’empêcher de soupirer d'un air navré.

Mais malgré quelques éléments dépassés et certains passages franchement ennuyeux, Les hommes frénétiques a beaucoup de choses à offrir. Cette vision du futur regorge d'inventivité : réseau de communication mondial, drones, terrorisme, armes de destruction massive, passages qui semblent préfigurer le genre zombie, rapport ambigu à la science et à la religion ... Les descriptions des scènes de carnage dues aux armes chimiques sont renversantes, avec une folle variété de mutations physiques et psychologiques. Plus que jamais, la guerre est sale, la guerre est moche. Et cette fin qui aurait pu être ridicule (remake de la genèse : deux innocents recréent une société du genre préhistorique) passe étonnamment bien, car le roman dans son ensemble ne semble pas prendre parti de façon trop évidente. Il y a certes un coté optimiste, une nouvelle chance, mais au fond, tribu sans langage ni technologie ou gouvernement mondial scientifique, finalement, bof, quelle différence ... On sent que l'histoire risque de se répéter.

Bref, Les hommes frénétiques est plus que digne d’intérêt. Comme d'autres, Pérochon, sous l’influence des horreurs de la première guerre mondiale, livre une vision du futur qui, comme l'indique de façon fort peu subtile la couverture de cette édition, mérite probablement de faire partie des « grands classiques de la SF française ».

245 pages, 1925, bibliothèque marabout

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire