jeudi 15 octobre 2015
Molloy - Samuel Beckett
Le genre de livre qui me laisse un peu perplexe et dont il ne m'est pas facile de parler. Au début, le récit de Molloy, vieux vagabond dépressif et ruiné physiquement, m'a profondément ennuyé. Beckett a une plume absolument brillante, mais c'est un peu le problème. Tous ces jeux de langage, toutes ces subtilités d'écriture, le tout saupoudré d'humour scatologique, ce n'est pas ça qui rend le récit intéressant, du moins au début. Par exemple ce passage où, pendant des pages entières, Molloy raconte comment il range ses pierres à sucer. C'est écrit avec un talent remarquable, certes. Mais, c'est plus fort que moi, je m'en fous complétement, et je n'arrive pas à lire plus de quelques lignes sans que mon esprit dérive.
Mais, petit à petit, Beckett est plus ou moins parvenu à me happer. La seconde partie du roman, où la parole est donnée à un autre narrateur, Moran, m'a semblé plus intéressante. Contrairement à Molloy, qui part du rien pour aller vers le rien, Moran est un homme très carré avec une vie rangée qui va petit à petit s’effondrer vers le néant. Beckett multiplie les indices pour que le lecteur sente que ces deux personnages n'en font qu'un, s’entremêlent. Molloy est la bête, l'individu absolument isolé livré au chaos, et Moran, qui va à la messe par pure habitude et tente d'éduquer son fils avec une certaine violence, est l'ordre de la civilisation. Et les deux personnages, petit à petit, perdent tous leurs moyens, refusent toute interaction constructive avec autrui, refusent de prendre soin d'eux-mêmes, et finissent par ramper dans la forêt et revenir à leur point de départ. Seuls, abandonnant les hommes, abandonnant leur corps. Becket écrit le vide, le néant. Je reste sceptique.
241 pages, 1947, éditions de minuit
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