Joana, son mari et ses deux enfants emménagent dans la charmante petite banlieue de Stepford. Grandes maison, larges pelouses, voisins aimables et femmes au foyer, c'est la classique american way of life. Seulement, quelques détails interpellent Joana. Pourquoi n'y a-t-il dans cette ville qu'une seule organisation, le club des hommes, interdit aux femmes ? Pourquoi ces dernières ne semblent s'intéresser à rien d'autre que leur ménage ? Sorties tout droit d'une publicité pour détergent, elles sont soumises à leur mari et ne quittent pas leur maison pour autre chose que faire les courses. Joana va réussir à se faire quelques amies un peu moins ennuyeuses, mais celles ci vont brusquement changer, devenant soudain obsédées par le ménage et leur apparence ...
Les femmes de Stepford n'est pas le livre le plus surprenant qui soit. Vraiment, la couverture semble nous crier au visage que toutes ces ménagères parfaites sont en fait des robots. Et même sans l'illustration on le soupçonnerait bien avant Joana. Mais heureusement, Ira Levin manie fort bien le doute et la paranoïa. Les indices s'accumulent, mais il y a peut-être une explication rationnelle à tout ça ... Joana est peut-être juste un peu perturbée par son déménagement dans une contrée aux coutumes différentes ... Jamais le roman ne tranche pour nous, il n'y a pas de révélation claire et nette. Mais bon, le lecteur n’optera pas pour l'explication la plus terre à terre, ce ne serait pas marrant.
Comme dans
Rosemary's Baby et
L'invasion des profanateurs, le danger vient de l'intérieur même de la communauté. Les autres changent, la confiance laisse place au doute, puis à la défiance. La structure familiale éclate sous les soupçons.
Les femmes de Stepford est particulièrement intéressant grâce à son contexte de guerre des sexes, si l'on peut dire. Le roman s'ouvre même sur une citation de Simone de Beauvoir, pour poser l'ambiance. Les femmes, à l'image de Joana, tentent de s'émanciper, et les hommes veulent, sous leur apparente bonne volonté, conserver leurs privilèges de maitres et seigneurs. A moins bien sur que tout cela ne soit que divagations de l'esprit névrosé de Joana ... Finalement,
Les femmes de Stepford est un livre court et prévisible, mais qui vaut néanmoins le détour pour son contexte franchement original (un livre de SF qui parle de la condition féminine !) et la façon dont Ira Levin manie habilement la paranoïa. Un mélange extremement efficace et pertinent.
158 pages, 1972, J'ai Lu
L'avis de Nébal