vendredi 9 août 2013
Virus - John Brunner
Le titre français de ce roman est trompeur. En voyant le simple mot Virus, le lecteur peut s'attendre à se trouver face à un roman catastrophe dans lequel l'humanité lutte contre une maladie mortelle. Et bien ce n'est pas du tout ça. L'illustration de couverture est un indice : le virus en question est d'une nature bien différente de ce à quoi l'on pourrait s'attendre. Ce virus, le V.C., a pour principal symptôme de rendre ... intelligent. Ou, pour dire les choses plus en détail, il permet à l'esprit humain de se souvenir de tout ce qu'il a déjà rencontré et de mettre toutes ces informations en corrélation, ce qui a pour conséquence d'offrir à chaque personne "contaminée" des niveaux de conscience et de compréhension du monde extrêmement élevés.
Et ce ne sera pas du luxe pour aider une humanité qui semble aller droit dans le mur, un mur nommé troisième guerre mondiale. Je ne vais pas résumer la situation politique décrite dans le roman, mais John Brunner est vraiment doué pour impliquer le lecteur dans son univers. Ceux qui ont lu sa célèbre quadrilogie d’anticipation (Tous à Zanzibar, L'orbite déchiquetée, Le troupeau aveugle et Sur l'onde de choc) ne seront pas dépaysés. Le futur est proche, le futur est noir. La technique d'écriture de Brunner consistant à multiplier les personnages et les points de vue différents fonctionne à merveille, on est vraiment plongé dans sa vision du futur, et surtout, l'ensemble semble profondément crédible.
Le virus en question, le V.C., s'échappe (ou plutôt se fait échapper) d'un laboratoire, et va contaminer quelques personnes bien différentes. Ces personnages sont désormais unis par leur nouvelle vision du monde, et si certains sont confortés dans leurs opinions et trouvent là l'occasion de les approfondir, d'autres s'aperçoivent qu'ils faisaient n'importe quoi et prennent conscience des conséquences de leurs actes. Grâce à leur capacité commune à mettre en corrélation toutes les bribes d'informations qui leur parviennent, l’imminence de la troisième guerre mondiale ne leur échappe pas. La solution pour l’empêcher ? Contaminer la planète entière avec le V.C. ! Et là, le roman est vraiment jouissif. C'est optimiste (quoi que, considérer que l'humanité a besoin d'une intelligence qu'elle ne possède pas à la base pour s'en sortir, c'est moyennement optimiste), et certaines scènes sont un régal. Ce moment où deux patrouilles d'armées ennemies ne parlant pas la même langue fraternisent, arrivent tant bien que mal à communiquer, à rigoler ensemble et à remettre en cause l'ordre établi, ou encore ce tyran fasciste prenant conscience de la véritable absurdité qu'est la guerre et proposant un plan de répartition égale des richesses, et bien c'est juste beau. Cela aurait pu être ridicule, mais John Brunner écrit bien, sait présenter les choses de façon crédible sans jamais se prendre trop au sérieux.
Virus n'a l'air de rien, mais en plus d’être un très bon roman d'anticipation, c'est le genre de livre qui fait plaisir, dont on sort heureux.
222 pages, 1973, Presses de la cité
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