Je crois que j'ai un problème avec Philip K. Dick. Je sais que c'est un maitre de la SF, alors pour parfaire ma culture du genre, j'ai lu il y a quelques années Ubik, Blade Runner et Le maitre du haut château. Mais je trouve ça juste ... au mieux sympathique, au pire assez incompréhensible. J'ai vraiment du mal à voir dans ces trois romans des chefs-d’œuvre. Mais bon, comme je sais à quel point Dick est acclamé, je m'acharne, et là, c'est le première fois que je découvre ses nouvelles.
- Souvenirs trouvés dans une facture de vétérinaire de petits animaux (1976) représente bien ce qui me laisse perplexe chez Dick. On a l'impression que ce récit, qui semble être autobiographique, a été écrit par un fou. Je sais que vers la fin de sa vie sa raison laissait parfois un peu à désirer, et j'ai du mal à percevoir l’intérêt de ce texte.
- Avec Non-O (1958), on revient à des nouvelles plus classiques. Ici, une partie de l'humanité, dont les membres ne sont que pure logique et n'ont pas la moindre faculté d'empathie, se met en tête de ... détruire l'univers. C'est pas mal du tout : pas très développé mais efficace.
- Dans Le retour des explorateurs (1959), un groupe d'astronaute revient de Mars après un voyage périlleux. Ils s'attendent à être accueillis en héros, mais il se trouve que toutes les personnes qu'ils croisent s'enfuient en courant. C'est dans le même genre que la nouvelle précédente, sympathique mais pas spécialement maitrisé, notamment par rapport à certains dialogues qui ne servent qu'à donner des informations lecteurs de façon un peu grossière.
- Dans Une proie rêvée (1959), un chercheur en physique nucléaire est sur le point de se faire enlever par des êtres venus d'ailleurs. Pas mal du tout, le twist final est marrant.
- Que faire de Ragland Park ? (1963) met l'accent sur la politique avec un soupçon de pouvoirs psys. Dick ne me semble pas très à l'aise avec la politique.
- Un numéro inédit (1964) met en scène une sorte de dystopie. Cependant, c'est la dystopie ancien modèle : un chef suprême, de la propagande, et des citoyens bien endoctrinés. Un texte qui n'a pas très bien vieilli.
- L'histoire qui met fin à toutes les histoires pour l'anthologie d'Harlan Ellison (1968) est un minuscule texte de 13 lignes sans intérêt.
- Dans Le cas Rautavaara (1980), des extraterrestres aux conceptions bien différentes des nôtres maintiennent en vie le cerveau d'une morte pour y faire des expériences mystiques. Bof.
- Dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, Le voyage gelé (1980), un caisson de stase fonctionne mal, et un homme va devoir affronter 10 ans de voyage en étant parfaitement conscient, avec seulement l'IA du vaisseau pour essayer de l'occuper. Dick est à l'aise avec ce genre de thème, et cela fonctionne plutôt bien.
- La dernière nouvelle, L'autremental (1981), bien que reprenant le thème de la précédente et étant très courte, est peut être le meilleur texte du recueil. Par contre, j'y ai vu une faille logique. Dans le petit vaisseau où se déroule l'action, il y a une homme en stase et un chat. Le chat n'est pas en stase, mais il semble qu'il aurait du y être. Il y a deux ans de réserves de boites de pâté pour chat dans un placard. Problème : si le chat aurait du être en stase, pourquoi y a-t-il deux ans de boite de pâté pour chat en stock ? et puisque le chat n'est pas en stase, comment fait-il pour se nourrir, il ouvre les boites tout seul ?
212 pages, Folio SF