dimanche 1 juin 2025
Résurrections - Robert Silverberg
Un roman du début de carrière de Silverberg, avant qu'il ne tente de la SF un peu plus mature. Il y a un goût d'inabouti, pourtant j’aime ces romans, qui ont le mérite d’explorer intelligemment de véritables sujets SF sans trainer en longueur. (Je mets en illustration une jolie couverture originale, car l'édition Pocket que j'ai a une inutile paire de fesses en couverture, et vu que mon dernier article concerne un SAS, il faut que je fasse attention à l'image de marque de mon blog.)
Résurrections (Recalled to Life, 1958) imagine l’invention d’un procédé médical permettant, justement, la résurrection. Une résurrection certes limitée à des morts de moins de 24 heures dans les cas où le corps n’est pas trop endommagé, mais une résurrection tout de même. Harker, politicien progressiste mis au placard, accepte de devenir le porte-parole et communiquant du labo responsable de la découverte. Il va falloir faire face à l’obscurantisme pour imposer la raison, la science, et finalement l’amélioration du sort humain.
Voilà, c’est tout le roman : le combat de Harker contre les conservateurs, les réactionnaires, les cul-bénis et les opportunistes. L’aspect scientifique de la découverte n’est que peu exploré, et on n’aborde aucunement de potentielles découvertes sur la nature de la mort ; le ton est clairement à la politique-fiction, ce que j’ai apprécié. Au risque de dire une banalité : j’ai trouvé tout cela hautement d’actualité. Il y avait parfois une puissante naïveté dans la SF d’une certaine époque, la certitude que la « raison » s’imposerait tout naturellement dans l'avenir. Ici, le ton est optimiste, la bien-aimée raison triomphe à la fin, mais cette victoire ne va pas de soi. Toujours règne la peur envers le nouveau, et bien évidemment ce n’est pas avec les arguments relevant de la réalité scientifique qu’on gagne le combat. Pour conquérir l’opinion, il faut l’émotion, le choc, les idées simples à saisir. Et pour ce faire, il faut agir comme ses adversaires, mentir à son tour, jouer avec la vérité, faire du spectacle ; il faut convaincre, quoi qu’il en coute.
Malgré des faiblesses narratives certaines (Harker ne cherchant même pas à parler avec un ressuscité pour vérifier que tout va bien avant d’accepter le boulot de porte-parole, une décision particulièrement stupide des scientifiques du labo, le coup de poker final basé sur la chance et donc peu satisfaisant, etc.) et un inévitable sentiment de roman vite écrit, Silverberg ne déçoit pas avec Résurrections. Cette SF n’est pas dépassée.
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