lundi 23 septembre 2024

Incandescence - Greg Egan

Incandescence - Greg Egan

Incandescence, roman non traduit en français, m'apparait comme un moment de transition dans la bibliographie de Greg Egan. Il me semble que commence là une obsession pour la description et l'exploration de situations physiques étonnantes, voire d'univers aux lois physiques différentes, au détriment de l'accessibilité narrative. Incandescence est ainsi très proche de The Clockwork Rocket, l'un des romans suivants d'Egan, qui n'avait pas su me captiver malgré de nombreuses qualités.

Incandescence est divisé en deux trames parallèles qui se croisent assez peu. Dans les deux cas, on est dans un futur extrêmement lointain où quasiment toute la galaxie est colonisée par deux civilisations, notamment l'Amalgame, dont les membres descendent de nombreuses espèces différentes, chacune issues parfois de l'ADN, mais aussi d'autres réplicateurs répandus par panspermie. Peu importe les différences évolutives entre ces êtres : au final, ils sont réunis par l'intelligence, et comme ils existent et se déplacent avant tout sous forme de données, ils peuvent être ce qu'ils veulent. Plus proche du centre galactique se trouvent les Aloofs, qui refusent tout contact. Plus tard dans le roman, après que ce même thème est exploré plus longuement, on suppose que les Aloofs sont simplement vieux, terriblement vieux, et qu'ils ne vivent plus guère que dans une sorte de dormance, en attendant qu'il se passe quelque chose de neuf. Tout ça, ça me botte.

D'un côté, on suit deux membres de l'Amalgame qui plongent en plein territoire Aloof pour essayer de trouver une race perdue issue de l'ADN. Ils vont la trouver : isolée en orbite autour d'une étoile à neutron, ou d'un trou noir, je ne sais plus. Une question morale se pose : les visiteurs ont-ils le droit de déranger cette race au fort potentiel d'intelligence mais si adaptée et satisfaite par la platitude répétitive du quotidien ? Twist évolutionnaire : le stress déclenche chez cette race une réaction qui active l'intelligence, disons, afin de faire face aux défis existentiels. Pas besoin de curiosité si tout va bien !

La trame parallèle se déroule de la perspective de cette même race perdue, dans un autre refuge. A moins que ce soit le même dans le futur ? J'aime beaucoup la xénobiologie que développe Egan, ici comme dans The Clockwork Rocket d'ailleurs. C'est d'autant plus impressionnant que ce n'est pas le sujet du roman, ce n'est qu'un à côté. Mention spéciale au système de reproduction de ces aliens. J'admire également la façon dont Egan parvient à créer des personnages pertinents et attachants, alors même que ces personnages sont avant tout des véhicules pour les idées. En revanche, c'est très, très difficile à suivre. L'essentiel de la trame voit ces aliens essayant de comprendre la physique de leur petit monde bizarre. Au début, ça va, notamment grâce à deux schémas très utiles pour comprendre les bases. J'aurais juste voulu qu'Egan continue à utiliser les schémas, parce que j'ai rapidement été largué. Il s'agit d'expériences assez sèches sur la gravitation, la dynamique orbitale, la relativité générale, etc., le tout dans un contexte pas évident avec des aliens qui n'utilisent pas le vocabulaire familier de notre physique. Ce qui est frustrant, c'est l'impression que si Egan avait essayé juste un peu plus, il aurait pu m'entrainer : des schémas pour illustrer chaque expérience et chaque idée aurait suffi pour que je saisisse le plus gros.

Comment souvent avec Greg Egan, on fait face à un roman qui déborde de bonnes idées stimulantes, mais les idées sont planquées dans une narration parfois impénétrable. Le roman est aussi affaibli par ces deux trames parallèles, qui pour moi ne se sont pas entremêlées d'une façon satisfaisante, et au contraire semblent chacune manquer de chair — ou alors j'étais simplement trop las à la fin pour saisir toutes les nuances.

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