jeudi 13 juin 2024

Chien 51 - Laurent Gaudé

Chien 51 - Laurent Gaudé

Un auteur reconnu et versatile qui s'essaie à la SF. C'est... mauvais. On est face à un polar prenant place dans un cadre dystopique qui relève du cyberpunk. La structure comme l'univers, les deux sont d'une forte banalité. L'écriture ne sauve rien, les dialogues qui se veulent tendus étant plus gênants qu'autre chose.

Pour ce qui est du polar : on a un meurtre, deux flics ombrageux que tout oppose qui sont obligés de travailler ensemble, ils ont une forte rivalité, mais ils finissent par s'apprécier. Difficile d'imaginer plus banal. L'univers cyberpunk, maintenant. Il y a tous les clichés : privatisation à outrance, méga corporations, vol d'organes artificiels, réalité virtuelle, pluie acide, émeutes, peinture faciale pour tromper les algorithmes de reconnaissance, publicité invasive, traitement de prolongement de la vie pour les élites, fortes inégalités...

Et ce grand pot-pourri est écrit avec un premier degré confondant. Je suppose que pour qui n'a jamais lu de SF, ni vu de film de SF, ni regardé de séries de SF, ni joué à des jeux vidéos de SF, ça peut faire original, mais ça ne doit pas faire grand monde... Quoique, quand je regarde les avis sur Babelio, ça semble faire du monde.

Deux exemples pour évoquer le manque d'intérêt de l'univers. D'abord, le système de zones. La mégalopole où se déroule l'action (on ne saura rien du reste du monde) est découpée en trois zones : la zone 1 (les élites), la zone 2 (les privilégiés), et la zone 3 (les exploités). Voilà, c'est très injuste vous comprenez. C'est tellement... basique. Ca fait très dystopie pour ados. Ensuite, ce qui était supposé être la bonne idée du roman : la Grèce est rachetée par une corporation et privatisée. C'est une idée qui n'a quasiment pas d'impact sur le roman, si ce n'est de rendre le protagoniste mélancolique. L'auteur n'en fait donc pas grand chose, mais ce qu'il en fait est activement mauvais : une énorme partie de la Grèce, peut-être la moitié du pays, est complètement dépeuplée par la force et transformée en... décharge. Vous comprenez, c'est très méchant. C'est surtout complètement absurde : pour la mégacorp avide de profits qui a racheté le pays, comment transformer la moitié du pays en décharge vide d'humains serait plus rentable que de développer toutes sortes d'activités économiques lucratives ?

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