mardi 28 août 2018
Burmese Days - George Orwell
Un roman particulièrement déprimant, basé sur l’expérience d'Orwell alors qu'il était officier de police en Birmanie entre 1922 et 1927, c'est à dire vers la fin de l'empire britannique. Flory habite dans une petite ville isolée dans la jungle, il s'occupe du commerce du bois. Il y a là moins d'une dizaine d'anglais et 4000 birmans. Le grand malheur de Flory est d'avoir un peu d'imagination. Il est bloqué dans une micro société qui se complait dans le racisme, les potins, la vulgarité et l'alcool, et qui, pour résumer, est susceptible de pousser à la dépression tout homme modérément progressiste et cultivé. Cette société, c'est celle du Club : c'est là que les blancs se serrent les coudes et maintiennent leur position de pouvoir. Et même la plupart des birmans sont éblouis par le prestige et le pourvoir de l'homme blanc. Le docteur birman, seul ami de Flory, est sincèrement persuadé que les européens sont naturellement supérieurs aux asiatiques. U Po Kyin, l'officiel birman qui sert de vilain de l'histoire (c'est à dire qu'il est encore pire que tous les autres) a pour ambition ultime son intégration dans le Club. Et dans ce but, il manipule, il complote, il intrigue horriblement. A part le docteur et Flory, qui, bien que faible, fait preuve d'un minimum d'esprit, les personnages, pour la plupart, sont détestables. Elizabeth, par exemple, la jeune femme qui se retrouve au fond de la jungle birmane, réveille le cœur fatigué de Flory. Mais c'est à peine si elle a une existence réelle, elle n'est que le miroir de l'opinion générale, ses sentiments fluctuent avec les remous du prestige, elle ne sait parler que de météo, de chasse ou de chevaux et méprise toute activité qui soit ne serait-ce que vaguement intellectuelle. Mais comment lui en vouloir ? Elle n'est que le produit d'une société où son seul espoir de vie décente est un mariage avantageux. On imagine aisément Orwell, piégé pendant des années dans l'horreur des institutions coloniales anglaises, ne pouvant jamais exprimer son identité intime. Burmese Days est un roman parfois ennuyeux, à rapprocher de Conrad, mais qui analyse fort bien les tréfonds du colonialisme et l'horreur de la solitude d'un homme forcé de vivre parmi des êtres avec lesquels il n'a rien de commun.
272 pages, 1934, penguin
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