- Les Trachiniennes
Déjanire, femme
d'Héraclès, se croit menacée par une jeune captive ramenée par
son mari, alors elle lui envoie un vêtement enduit d'un philtre
d'amour. Pas de bol, le philtre est une arnaque : le vêtement
tue lentement Héraclès. Du coup, Déjanire se suicide, Héraclès
demande qu'on abrège ses souffrances, et leur fils souffre
terriblement. C'est étrange de se frotter ainsi à une narration,
disons, un peu obsolète. Il n'y guère d'enjeux et de tension :
tout va bien, et ensuite, paf, tout va mal. La dernière phrase
révèle une philosophie d'un rare fatalisme : « Tu as vu
des morts, étranges, terribles, et des infortunes multiples,
inouïes, et, dans tout cela, rien où ne soit Zeus ! » Au
moins, ils ne s'imaginent pas que leurs dieux soient bénévolents.
- Antigone
Ici la narration me
semble avoir avoir plus de profondeur à travers l’opposition entre
Antigone, qui veut enterrer son frère selon les rites religieux, et
Créon, roi de Thèbes, qui veut le laisser pourrir à l'air libre.
Leurs deux positions ont leur validité : Antigone respecte les
traditions religieuses et les liens familiaux, alors que Créon veut
respecter les lois de la cité : en effet, le frère d'Antigone
est un traître, il fait donc sens que son cadavre ne soit pas
honoré. Pas de bol pour Créon, les lois des dieux dépassent celles
de la cité, du coup, conséquence logique, son fils et sa femme se
suicident et il est plongé dans le malheur.
- Ajax
Ajax n'est pas content
et veut se venger de ses alliés en allant les massacrer dans leur
sommeil. Mais Athéna brouille ses sens et le fait massacrer un
troupeau d'animaux. Quand Ajax reprend conscience, c'est vraiment la
honte pour lui, alors il se lamente très, très longuement et va se
suicider. Puis il y a comme dans Antigone des tensions sur le sort à
réserver au cadavre. Mais, étonnamment, ça finit presque bien.
Tout le monde se met d'accord et Ulysse et Teucros deviennent potes.
Je m'attendais à ce que tout le monde se suicide.
- Œdipe roi
La seule pièce de
Sophocle que j'avais déjà lu, et sans doute la plus solide jusque
là. Quand commence l'action, tout les drames se sont déjà
produits : Œdipe à déjà tué son père et eu des enfants
avec sa mère. Toute la tension vient de la lente réalisation
d'Œdipe, qui, petit à petit, comprend la réalité. Pire que ça,
c'est de sa propre initiative que se fait la traque au meurtrier,
c'est à dire qu'il se traque lui-même. Il se fait enquêteur, il
pousse à bout ceux qui veulent lui cacher les faits jusqu'à ce
qu'ils crachent ce qu'ils savent. Il y a une vraie et puissante
tension dramatique dans le parcours d'Œdipe, qui creuse sa propre
tombe avec une énergie de plus en plus autodestructrice. Pour finir,
je cite une phrase de Créon que j'aime beaucoup : « Je ne
suis pas né avec le désir d'être roi, mais bien avec celui de
vivre comme un roi. »
- Electre
Une tragédie
surprenante : personne ne s'y suicide. C'est pour l'instant
inédit. Electre, obligée de vivre avec sa mère, qui a tué son
père et qui vit avec son nouveau copain, n'est pas très contente :
elle les hait. Elle attend avec impatience la venue de son frère
Oreste pour qu'il l'aide à rétablir la justice. Oreste, quand il
arrive finalement, a la bonne idée de faire croire à sa mort pour
faciliter ses plans. Je croyais voir la fin d'avance : Electre
se suicidant en croyant que son seul espoir a disparu, puis Oreste se
suicidant aussi par culpabilité d'avoir fait mourir sa sœur. Mais
non, tout se passe à merveille : les deux tuent leur mère et
son copain, et tout va bien pour eux. Étrange.
- Philoctète
Je vais de surprise en
surprise : non seulement il n'y a dans cette tragédie aucun
suicide, mais, en plus, personne n'y meurt. Philoctète croupit sur
une île déserte, abandonné là par ses anciens alliés. Une
maladie grave au pied le fait vivement souffrir, et il ne survit que
grâce à l'arc d'Héraclès. Comme il semble que cet arc soit
nécessaire pour conquérir Troie, Ulysse vient sur l’île, mais
comme il sait que Philoctète le déteste, il envoie Néoptolème à
sa place. Celui-ci est torturé entre sa fidélité à Ulysse et la
volonté de ne pas manipuler honteusement Philoctète, pendant que
celui-là veut à tout prix quitter cette maudite île tout ne
voulant à aucun prix contribuer à la victoire d'Ulysse. La
dynamique ainsi créée est assez efficace, les deux personnages sont
victimes de tensions intenses et crédibles. Et à la fin, hop, deus
ex machina : Héraclès descend de l'Olympe, je crois, et les
convainc de s'entendre à l'amiable.
- Œdipe à Colone
Œdipe, aveugle, erre
avec pour seul soutient sa fille Antigone. Mais voilà qu'un oracle
annonce que celui de ses deux fils qui vaincra la bataille pour
Thèbes sera celui qu'il aura bénit. Ainsi arrive Créon,
représentant du fils qui tient Thèbes, et Œdipe le rejette
vivement. Créon tente d'emmener par la force les deux filles d'Œdipe
avec lui, mais Thésée, roi local, l'en empêche. Puis vient le
second fils, qui se fait lui aussi repousser avec force. Œdipe dédie
sa mort à Thésée, il meurt étrangement, et voilà. Je suis un peu passé à côté.
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