mardi 12 juin 2018

Sophocle - Tragédies complètes


  • Les Trachiniennes
Déjanire, femme d'Héraclès, se croit menacée par une jeune captive ramenée par son mari, alors elle lui envoie un vêtement enduit d'un philtre d'amour. Pas de bol, le philtre est une arnaque : le vêtement tue lentement Héraclès. Du coup, Déjanire se suicide, Héraclès demande qu'on abrège ses souffrances, et leur fils souffre terriblement. C'est étrange de se frotter ainsi à une narration, disons, un peu obsolète. Il n'y guère d'enjeux et de tension : tout va bien, et ensuite, paf, tout va mal. La dernière phrase révèle une philosophie d'un rare fatalisme : « Tu as vu des morts, étranges, terribles, et des infortunes multiples, inouïes, et, dans tout cela, rien où ne soit Zeus ! » Au moins, ils ne s'imaginent pas que leurs dieux soient bénévolents.

  • Antigone
Ici la narration me semble avoir avoir plus de profondeur à travers l’opposition entre Antigone, qui veut enterrer son frère selon les rites religieux, et Créon, roi de Thèbes, qui veut le laisser pourrir à l'air libre. Leurs deux positions ont leur validité : Antigone respecte les traditions religieuses et les liens familiaux, alors que Créon veut respecter les lois de la cité : en effet, le frère d'Antigone est un traître, il fait donc sens que son cadavre ne soit pas honoré. Pas de bol pour Créon, les lois des dieux dépassent celles de la cité, du coup, conséquence logique, son fils et sa femme se suicident et il est plongé dans le malheur.

  • Ajax
Ajax n'est pas content et veut se venger de ses alliés en allant les massacrer dans leur sommeil. Mais Athéna brouille ses sens et le fait massacrer un troupeau d'animaux. Quand Ajax reprend conscience, c'est vraiment la honte pour lui, alors il se lamente très, très longuement et va se suicider. Puis il y a comme dans Antigone des tensions sur le sort à réserver au cadavre. Mais, étonnamment, ça finit presque bien. Tout le monde se met d'accord et Ulysse et Teucros deviennent potes. Je m'attendais à ce que tout le monde se suicide.

  • Œdipe roi
La seule pièce de Sophocle que j'avais déjà lu, et sans doute la plus solide jusque là. Quand commence l'action, tout les drames se sont déjà produits : Œdipe à déjà tué son père et eu des enfants avec sa mère. Toute la tension vient de la lente réalisation d'Œdipe, qui, petit à petit, comprend la réalité. Pire que ça, c'est de sa propre initiative que se fait la traque au meurtrier, c'est à dire qu'il se traque lui-même. Il se fait enquêteur, il pousse à bout ceux qui veulent lui cacher les faits jusqu'à ce qu'ils crachent ce qu'ils savent. Il y a une vraie et puissante tension dramatique dans le parcours d'Œdipe, qui creuse sa propre tombe avec une énergie de plus en plus autodestructrice. Pour finir, je cite une phrase de Créon que j'aime beaucoup : « Je ne suis pas né avec le désir d'être roi, mais bien avec celui de vivre comme un roi. »

  • Electre
Une tragédie surprenante : personne ne s'y suicide. C'est pour l'instant inédit. Electre, obligée de vivre avec sa mère, qui a tué son père et qui vit avec son nouveau copain, n'est pas très contente : elle les hait. Elle attend avec impatience la venue de son frère Oreste pour qu'il l'aide à rétablir la justice. Oreste, quand il arrive finalement, a la bonne idée de faire croire à sa mort pour faciliter ses plans. Je croyais voir la fin d'avance : Electre se suicidant en croyant que son seul espoir a disparu, puis Oreste se suicidant aussi par culpabilité d'avoir fait mourir sa sœur. Mais non, tout se passe à merveille : les deux tuent leur mère et son copain, et tout va bien pour eux. Étrange.

  • Philoctète
Je vais de surprise en surprise : non seulement il n'y a dans cette tragédie aucun suicide, mais, en plus, personne n'y meurt. Philoctète croupit sur une île déserte, abandonné là par ses anciens alliés. Une maladie grave au pied le fait vivement souffrir, et il ne survit que grâce à l'arc d'Héraclès. Comme il semble que cet arc soit nécessaire pour conquérir Troie, Ulysse vient sur l’île, mais comme il sait que Philoctète le déteste, il envoie Néoptolème à sa place. Celui-ci est torturé entre sa fidélité à Ulysse et la volonté de ne pas manipuler honteusement Philoctète, pendant que celui-là veut à tout prix quitter cette maudite île tout ne voulant à aucun prix contribuer à la victoire d'Ulysse. La dynamique ainsi créée est assez efficace, les deux personnages sont victimes de tensions intenses et crédibles. Et à la fin, hop, deus ex machina : Héraclès descend de l'Olympe, je crois, et les convainc de s'entendre à l'amiable.

  • Œdipe à Colone
Œdipe, aveugle, erre avec pour seul soutient sa fille Antigone. Mais voilà qu'un oracle annonce que celui de ses deux fils qui vaincra la bataille pour Thèbes sera celui qu'il aura bénit. Ainsi arrive Créon, représentant du fils qui tient Thèbes, et Œdipe le rejette vivement. Créon tente d'emmener par la force les deux filles d'Œdipe avec lui, mais Thésée, roi local, l'en empêche. Puis vient le second fils, qui se fait lui aussi repousser avec force. Œdipe dédie sa mort à Thésée, il meurt étrangement, et voilà. Je suis un peu passé à côté.

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