samedi 22 septembre 2012

L’œil du purgatoire - Jacques Spitz

L’œil du purgatoire - Jacques Spitz

Jacques Spitz (1896-1963) est un auteur français qui s'est beaucoup consacré à la science fiction et au fantastique. Appartenant à cette dernière catégorie, L’œil du purgatoire a été écrit en 1945 et n'a pourtant absolument pas vieillit.

Le narrateur, Poldonski, est un peintre raté, misanthrope et suicidaire. Le début du roman nous fait suivre sa vie et ses pensées, ses ambitions d'artiste et son dégout du monde social. Rapidement, Poldonski fera la rencontre d'un étrange vieillard, génie autoproclamé, qui lui inoculera dans les yeux des bactéries de sa composition. Celles ci ont la propriété d’être temporellement en avance sur les humains, et cette avance croit de façon exponentielle. Ainsi, Poldonski se met à voir les choses telles quelles seront dans le futur ... Pour mieux comprendre, quelques exemples : une fleur lui apparaitra fanée, un steak, déjà digéré. Et comme son mal va en s'aggravant, il verra bientôt les hommes sous forme de cadavres ambulants ...

Ce concept incroyable est au cœur du roman, et tout s'articule autour de cette perturbation dans la vie du narrateur. C'est parfois très drôle, au début notamment, quand Poldonski est décalé de ses contemporains : cela crée quelques beaux quiproquos. Puis tout oscille entre drame et humour noir, entre regret de la beauté envolée du monde et visions étonnantes de squelettes se baladant comme si de rien n'était. Le livre regorge de passages décrivant des scènes impossibles, où le narrateur est perdu dans un monde qui meurt en accéléré autour de lui, et la plume de Jacques Spitz sait donner consistance à cet univers de poussière déconcertant.

L’œil du purgatoire est un court et beau roman fantastique qui fait naitre chez le lecteur des images glauques et fascinantes, probablement jamais vues ailleurs. Bref, un concept surprenant et une excellente plume pour le mettre en scène : à lire, surtout pour les amateurs du genre.

197 pages, 1945, Arbre Vengeur

2 commentaires:

  1. En fait, en y repensant, c'est très "pictural" comme livre, l'auteur a vraiment réussi à rendre cette impression de vision d'ensemble que pourrait avoir son personnage de peintre.

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  2. Exactement, ce bouquin offre des visions assez uniques.
    D'ailleurs j'ai lu ton avis sur La guerre des mouches, j'espère tomber dessus un jour, ça a l'air tout aussi sympa.

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