mardi 16 août 2022

Une histoire de tout, ou presque - Bill Bryson

Une histoire de tout, ou presque - Bill Bryson

Une histoire de tout, ou presque, de Bill Bryson, publié originellement en 2003, est un petit chef-d’œuvre de vulgarisation scientifique, ou presque. Le titre ne ment pas, et l'auteur voir vraiment large. L'inconvénient, on s'en doute, est double. Déjà, en voulant parler de tout, Bill Bryson se fait inévitablement un peu superficiel. Je l'ai particulièrement ressenti dans les derniers chapitres, qui s'intéressent à l'histoire humaine et aux quelques variétés d'homo : non seulement le sujet est encore très scientifiquement flou (ce que l'auteur parvient bien à retranscrire), mais il ne fait qu'effleurer ce que d'autres ouvrages comme Le troisième chimpanzé ou The dawn of everything prennent le temps de creuser. Ensuite, Bill Bryson reste tout aussi inévitablement un amateur, et nul doute que des experts trouveraient à redire dans son exposé. L'avantage, en revanche, c'est qu'il est un écrivain brillant : aussi bien en terme de pure vulgarisation qu'en terme de narration, c'est admirable de bout en bout, une joie à lire. Notons aussi que l'auteur ne tombe jamais dans le moindre moralisme, et malgré son ton souvent léger, il garde une distance prudente et sérieuse avec toutes les questions abordées. Ce livre est à mettre en toutes les mains, particulièrement celles des plus jeunes et de ceux qui lisent peu. Ce n'est certainement pas le meilleur livre scientifique grand public, mais c'est peut-être celui qui est le plus lisible tout en restant neutre et incroyablement complet.

Un thème qui traverse tout le livre, c'est l'improbabilité de la vie : il y a tellement de facteurs si sensibles, plus importants les uns que les autres, qui doivent s'aligner pour nous causer, de la physique à la biologie en passant par la géologie, qu'on ne peut que s'étonner de notre existence (la fin du chapitre 16 est d’ailleurs directement consacrée à ce sujet). De la même façon, Bryson parvient de façon claire et simple à évoquer la taille consternante de l'univers et les forces qui le régissent. Il n'est pas moins étonnant de constater une fois de plus à quel point le savoir humain est récent et vient en bonne partie de quelques siècles européens, et notamment de l'Angleterre victorienne. Quels facteurs doivent s'aligner pour créer un cadre si propice à la fertilité scientifique, il doit bien y avoir des bouquins sur ce sujet. Quoi qu'il en soit, on ne cesse de s'émerveiller devant l'improbable ingéniosité de ces pionniers qui, par exemple, mesurent sans se planter la masse de la Terre en 1797 avec des méthodes que la quasi totalité d'entre nous seraient bien en peine de reproduire aujourd'hui. Ou encore, la découverte de l'expansion de l'univers dans les années 1920, ou celle de la dérive des plaques tectoniques et de la subduction, incroyablement récente : esquissée dès les années 40, mais pas acceptée avant la fin des années 60. Et la liste est longue.

Il y a un caractère franchement désespérant à la lecture de ce genre de livre car, finalement, n'y sont exposés que des faits et des idées assez basiques dont tout le monde devrait être conscient, et pourtant ! Même en lisant tout plein d'essais sur des sujets variés, on ne peut être qu'inconsolable face à sa propre incapacité à se souvenir des informations les plus basiques sur la nature de l'univers et de la vie qui y frétille. Après tout, la compréhension de l'univers n'offre que des avantages très marginaux sur le plan évolutionnaire... ou du moins, le contraire reste encore à prouver.

2 commentaires:

  1. Je le lirai si je le trouve d'occasion. Bill Bryson écrit en effet très bien (ou du moins il est bien traduit.) J'avais beaucoup aimé son "Promenons-nous dans les bois", le récit désopilant de sa grande randonnée dans les Appalaches ! Je pourrai te le filer, si tu veux.

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    1. Oui, je me suis aussi dit la même sur la qualité de la traduction (cette fois je n'ai mis une image de la VO que parce que les couvertures françaises sont moins belles !). Et je pourrais me laisser tenter par sa ballade dans les bois, sujet un peu éculé, mais sa plume a clairement de la classe.

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