lundi 9 février 2015
Un cœur faible & La douce - Dostoïevski
Vassia, celui qui possède Un cœur faible, est un jeune homme doux et gentil, nouvellement fiancé. Il vit avec son colocataire, qui est aussi son meilleur ami. Pendant la première partie de la nouvelle, Dostoïevski décrit l’enthousiasme des deux amis. Ils sont bons, ils sont heureux, ils s'aiment. Mais Vassia, emporté par ses sentiments envers sa fiancée, a négligé le travail que lui avait confié son supérieur, qu'il vénère. Vassia pourrait simplement se dire que tant pis, il aura du retard, son supérieur comprendra sa situation ... Mais non, Vassia est trop bon, trop simple, et trop persuadé de son peu de valeur. Cet événement prend dans sa tête une importance considérable, et il en deviendra fou. Cela fait penser à Gogol, mais ici pas d'humour, c'est désespérément tragique. Et les dernières lignes sont d'une puissance étonnante pour un si court récit (80 pages). Du grand Dostoïevski en petit format.
La douce est morte, suicidée, et c'est son mari qui, à coté du cadavre de sa douce femme, va nous raconter leur histoire. Pas de folle passion ici. Pas non plus de mari tyrannique et violent. Ce qui tue, c'est l’incompréhension mutuelle. Les deux époux s'affrontent par le silence. Le narrateur explique ses actes, ne cache rien de ses petites vanités, des ses égoïsmes, mais on ne peut pas vraiment lui en vouloir. Il n'est pas pire qu'un autre. Et la douce, prisonnière de son rôle d'épouse et de son statut de femme, n'est pas sans fierté, malgré sa jeunesse. On aurait tellement voulu qu'ils se parlent, qu'ils se découvrent ... Dostoïevski ne nous explique pas comment comprendre son prochain, mais il décrit parfaitement bien l'incompréhension. C'est un début.
Quand je suis un peu dans le vague niveau lectures, Dostoïevski est là pour m'apporter une petite dose de génie littéraire. Merci à lui.
Bref, j'avais fait exprès de retarder le dénouement : ce qui s'était passé suffisait amplement à ma tranquillité et contenait déjà trop de tableaux et de matière pour mes rêveries. Car c'est bien là que c'est moche, que je suis un rêveur : pour moi, j'avais assez de matière, et, quant à elle, je me disais que ça pouvait attendre.
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