lundi 29 octobre 2012
L'homme dans le labyrinthe - Robert Silverberg
J'aime beaucoup Robert Silverberg. Son parcours littéraire est très particulier : il a écrit quasiment tout ses romans les plus intéressants dans une courte période de sa vie, entre 1968 et 1972, avec notamment Les monades urbaines, L'oreille interne, Le fils de l'homme, Les déportés du Cambrien ou encore La tour de verre, pour ne citer que ceux que j'ai lus. Et aussi L'homme dans le labyrinthe, puisque c'est de ce livre qu'il va être question ici (livre qui, en passant, a une très jolie illustration de couverture, plutôt originale).
En gros, c'est l'histoire d'un homme qui est dans un labyrinthe. Hey, ça n'a l'air de rien comme ça, mais Robert Silverberg a du talent ! L'heureux lecteur va pendant les quelques 300 pages du roman suivre trois personnages à la personnalité très prononcée. Tout d'abord, il faut savoir que le labyrinthe en question se trouve sur une lointaine planète, il s'agit de vestiges abandonnés par une civilisation éteinte depuis des millions d'années. Le temps a passé, mais les très nombreux pièges qui protègent le centre de la structure sont encore vivaces ... Richard Muller est l'homme en question, et il n'est pas dans le labyrinthe par hasard : il s'y est exilé lui même et y a vécu neuf ans dans une solitude absolue. Pourquoi donc ? La réponse à cette question nous sera offerte au fil du roman, lors de flashbacks, qui forment une narration parallèle. Charles Boardmann est un vieux diplomate désabusé, il dirige l'expédition chargée de pénétrer dans le labyrinthe pour débusquer Muller, qui n'a pas l'intention de quitter sa retraite. Et enfin, Ned Rawlins, également membre de l'expédition, est l'interface entre les deux protagonistes précédents. Encore jeune et plein de beaux idéaux, il va devoir persuader Muller de le suivre. Pourquoi faire ? Cela aussi on ne l'apprendra qu'au fil du récit, mais ce qui rend Muller si unique, et qui a est également la cause de son exil, c'est le fait qu'il est revenu d'un voyage chez une race extraterrestre avec un don qui est aussi une malédiction : aucun homme ne peut l'approcher sans ... heu ... en fait non, je ne vais pas le dire, la découverte progressive des différents éléments scénaristiques est une grande réussite du livre, je ne voudrai pas la gâcher. Et j'espère aussi éveiller votre curiosité, car le livre est vraiment excellent. Bien sur, il s'agira de faire face aux dangers du labyrinthe, et même s'il ne fait aucun doute que cet aspect du livre est diablement réussi, il ne s'agit pas de son atout principal. Ce qui compte avant tout, ce sont les relations entre les trois personnages décris plus haut : l'un profondément misanthrope et imprévisible, dévoré par son égocentrisme et sa haine, l'autre prêt à tout pour parvenir à ses fins et le dernier, le seul conservant une touche d’innocence (qui bien sur sera perdue à la fin), hésitant sur la conduite à tenir. Ils vont s'affronter par le mensonge et la manipulation, et c'est vraiment passionnant. Petit regret cependant concernant les quelques protagonistes féminins : elles ont toutes l'orgasme facile et sont passives et soumises. Certes, on s'en fout un peu pour juger de la valeur littéraire du bouquin, mais ces aspects m'avaient également frappé dans les livres cités en intro (mais ma mémoire peut me tromper), ce serait intéressant de faire une étude de la vision de la femme qu'avait Silverberg dans ses romans, qui ne manquent généralement pas de scènes de sexe.
L'homme dans le labyrinthe est très bien écrit, intense sans oublier d’être intelligent, propose des personnages profonds et une très belle fin. Que demander de plus à un bouquin de SF (ou à un bouquin tout court) ? Oui, j'aime vraiment beaucoup Robert Silverberg, et vu sa colossale bibliographie, nul doute que quelques autres de ses romans passeront par mes mains à l'occasion.
307 pages, 1969, Le livre de poche
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Silverberg Robert
samedi 27 octobre 2012
Le père Goriot - Balzac
Je poursuis donc ma lente exploration de l’œuvre de Balzac. Malgré le titre du bouquin et l'illustration de couverture, le fameux père Goriot n'est pas vraiment le personnage principal du roman : l'histoire est généralement contée du point de vue d'Eugène de Rastignac, figure récurrente dans la Comédie Humaine.
Le roman démarre, comme souvent chez Balzac, sur une description assez lourde, du genre de celles qui font décrocher la plupart des collégiens ou lycéens sensés lire le livre pour d'obscures raisons scolaires. Ce qui nous est présenté là, c'est la maison Vauquer, pension où se déroulera la majeure partie du récit, et ses occupants. Parmi eux, Rastignac, jeune étudiant de plus ou moins bonne famille venu de la campagne, et le père Goriot, souffre douleur de la pension qui, on l'apprend un peu plus tard, ne vit que pour ses deux filles. Rastignac aura l'occasion de s'introduire dans la vie mondaine parisienne, parmi les riches, le beau monde. Et comme l'on peut s'en douter, à la vue de tout ce faste, sa condition d'étudiant devant passer son temps à travailler pour un avenir banal, sinon médiocre, lui semble soudain bien inintéressante. Nous y sommes : le voilà qui se lance à l'assaut du monde. Enfin, "le monde", la haute société (histoire d'éliminer tout risque de confusion).
Cependant, contrairement par exemple au Bel-Ami de Maupassant, Rastignac n'est pas un simple arriviste, c'est même un homme plutôt bon, essayant de suivre ce que lui dicte sa morale. Malheureusement, la vie est bien cruelle, surtout dans les milieux qu'il va être amené à fréquenter. Il apprend rapidement que le père Goriot n'est pas un vieux sénile, mais le père de deux jeune femmes à qui il a offert toute sa fortune en guise de dot pour leur arranger de bons mariages. Mariages finalement ratés, ce qui fera bien l'affaire de Rastignac, puisqu'il deviendra l'amant de l'une d'elles. Et surtout, le père Goriot est délaissé par ses deux enfants : normal, il n'a plus d'argent. C'est là tout l'objet de roman : le pouvoir de l'argent, sa capacité à fausser les rapports humains, à introduire le mensonge, les succès et les échecs. L'argent n'est pas le seul problème, toute cette haute société est superficielle, dépravée, ne trouvant son bonheur que dans l'étalage de luxe et l'échange de ragots. Les problèmes amoureux ne sont dus qu'aux mariages hypocrites, effectués uniquement pour l'argent et le gain social, ne conduisant qu'au malheur. Le père Goriot pourrait être l'image même de l'homme simple et bon, mais non : il est insupportable à aimer ses filles plus que Narcisse n'aime son reflet, il mourra même d'amour pour elles (il devait bien falloir au roman une longue et dramatique agonie).
Le père Goriot est la peinture virulente d'un monde sombre et hypocrite caché sous de luxueux tissus et de brillantes pierres précieuses, et c'est pour cela que j'ai aimé le roman, même si l'écriture de Balzac, très étoffée, rend certains passages un peu longs, voir lourds. Il s'agit avant tout du parcours initiatique de Rastignac : un jeune homme aussi dégouté qu'attiré par la haute société, et qui finalement, désabusé, décide de se jeter dedans, car c'est la seule façon pour lui de vivre une vie intense et passionnante.
400 pages, 1835, Le livre de poche
dimanche 21 octobre 2012
Risibles amours - Milan Kundera
Risibles Amours est un recueil de sept nouvelles écrites "en Bohême entre 1959 et 1968", elle font donc partie des premiers textes de la carrière de romancier de Milan Kundera. Enfin, pas romancier, puisque c'est des nouvelles ... bon, on va dire prosateur.
Le premier récit, nommé Personne ne va rire, m'a semblé un peu ... dérangeant. En effet, c'est l'histoire d'un homme qui se met sur le dos de gros ennuis simplement parce qu’il s’entête à mentir, la faute à son caractère qui l’empêche de dire une vérité qui rendra quelqu'un malheureux. Le contexte politique et social régnant à cette époque là en Europe de l'est n'y est bien sur pas pour rien, mais vraiment, voir ce personnage s'enfoncer si bêtement ... Ensuite, dans La pomme d'or de l'éternel désir, nous vivons un petit bout de la vie du narrateur et de son ami Martin, qui se lancent en permanence dans de nouvelles conquêtes féminines, sans même prendre la peine de consommer les conquêtes réussies. Le narrateur, contrairement à son ami, n'est pas dupe de leur petit jeu, et l'on retrouve cet aspect désabusé quasi permanent dans les histoires de Kundera. En troisième position dans le recueil, Le jeu de l'auto stop, dans lequel un couple va violemment se métamorphoser à cause d'un jeu de rôle qu'ils ne pourront stopper, m'a comme le premier récit semblé assez dérangeant. Cela n'a en soi bien sur rien de négatif (c'est pas comme si j'aimais pas les trucs tordus), mais ces trois nouvelles, bien que de qualité, m'ont laissé un peu sur ma faim par rapport à ce que je connaissais déjà de Kundera.
Heureusement, arrive ensuite Le colloque, le récit le plus long, et placé stratégiquement par l'auteur au centre du recueil. Plusieurs personnes, de service de nuit dans un hôpital, se retrouvent dans une pièce pour converser autour de quelques bouteilles. Presque construit comme une pièce de théâtre, le texte contient relativement peu de narration et met en valeur les dialogues et les idées des personnages. J'ai ici pleinement retrouvé ce que j'aime chez Kundera : cette complexe légèreté, ce style aérien disséquant avec énormément de talent les personnages et leurs interactions. Sans égaler ce point culminant du recueil, les autres nouvelles sont réussies. Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts met en scène deux amants se retrouvant quinze ans après, une grande différence d'age les séparant, et Le docteur Havel vingt ans plus tard reprend un personnage de Le colloque, devenu un séducteur à la réputation sulfureuse, qui trouvera un admirateur en la personne d'un jeune homme peu sur de lui. Pour finir, Édouard et Dieu aborde la passionnante question de la religion. Édouard n'est pas croyant, mais la femme qu'il aime l'est, il va donc mentir et simuler la foi. Cependant, encore une fois le contexte social et politique entre en jeu, et comme religion et communisme sont peu conciliables, Édouard va se retrouver prit entre deux feux. Un bonne conclusion que ce parcours initiatique.
Risibles Amours est à mon sens bien moins marquant que mes précédentes lectures de Kundera, L'insoutenable légèreté de l’être et surtout L'immortalité, mais c'est peut être lié à son format. Quoi qu'il en soit, c'est tout de même de la très bonne littérature.
330 pages, 1959-1968, Folio
jeudi 18 octobre 2012
Démons et merveilles - H.P. Lovecraft
Ce bouquin de Lovecraft, qui est loin d’être le plus connu, m'avait jusqu'à présent échappé suite à quelques avis peu favorables lus au hasard de mes ballades sur le net. Ce même hasard m'a placé en présence d'un exemplaire un peu jauni disponible pour moins de 2€ ... et merci à lui. L'exemplaire en question est un peu ancien et propose la couverture qui est à gauche ci-dessus, mais l'édition la plus récente a également une très belle illustration, donc je la met aussi.
Comme toujours chez Lovecraft, nous avons ici un recueil de nouvelles. Mais commençons par le début : la préface. Celle ci, écrite par Jacques Bergier, possède deux caractéristiques qui la rendent particulièrement intéressante. Tout d'abord, elle a été écrite en 1955 (environ), ce qui nous permet d'avoir un point de vue original sur Lovecraft, ancré dans une époque. Ensuite, Jacques Bergier a personnellement correspondu avec Lovecraft : il connait donc son sujet. Et ce qu'il raconte sur Lovecraft n'a fait qu’accroire ma fascination pour le bonhomme.
- Passons ensuite aux nouvelles, qui sont au nombre de quatre. Petite particularité : toutes partagent le même héros : Randolph Carter. D'ailleurs, il y a entre elles une parenté évidente, et elles se suivent plus ou moins. On est là en présence de ce qui ressemblerait presque à un roman. La première, Le témoignage de Randolph Carter, est très courte et plutôt classique. On fait la connaissance de Carter, un amateur de savoirs ancestraux et redoutables. Avec un ami partageant les mêmes passions, il va se rendre dans un cimetière duquel un seul d'entre eux reviendra. Bref, cette nouvelle n'est finalement qu'une agréable introduction à ce qui va suivre.
- Vient ensuite La clé d'argent. Ici, je me rend compte que je ne suis pas en train de lire le Lovecraft conteur d'histoires affreuses et horrifiques, mais le Lovecraft amateur d'onirisme et de voyages fantasmés que j'avais déjà rencontré dans Dagon. Enfin, c'est Lovecraft, c'est donc aussi un peu affreux et malsain. On retrouve le personnage de Randolph Carter qui, torturé par la disparition des rêves fantastiques qui l'enchantaient, va entrer en possession d'une mystérieuse clé d'argent. Celle ci va lui permettre d'effectuer un incroyable voyage jusqu'à son enfance, à la source de ses rêves. Et c'est vachement bien. Tout le récit s'articule autour de l'importance des rêves, qui sont pour Carter plus importants que la réalité. L'argumentation pour défendre cette idée et la description des normes réalistes et pragmatiques de la société, ou encore des pratiques religieuses, sont juste de formidables moments de lecture. Je citerai bien ici des pages entières. Ce fascinant récit sonne, comme dit en préface, comme une autobiographie spirituelle.
- Nous voici maintenant A travers les portes de la clé d'argent. Après avoir mis la main sur cette fameuse clé dans la précédente nouvelle, Randolph Carter a disparu pendant plusieurs années. Quatre prétendants à son héritage sont réunis dans une sombre pièce, et l'un d'eux va se livrer au récit des épreuves traversées par Carter pendant tout ce temps. Il se trouve que ce dernier à plongé dans un monde d'onirisme, à travers le temps et l'espace, à la rencontre d’incroyables entités et de ses autres lui même. Ses voyages l’amèneront plus loin qu'on ne peut l'imaginer et iront jusqu'à transformer son être. Mais peut être a-il réussit à revenir dans notre monde, et peut être est-il revenu bien différent ...
- Et pour finir, le gros morceau du bouquin : A la recherche de Kadath, qui occupe plus de la moitié du volume. Ici, on est totalement dans l'onirisme, le chimérique. Carter a par trois fois rêvé de la merveilleuse cité de Kadath, et il n'a jamais pu y demeurer, repoussé par les dieux du rêve. Il décide donc de se rendre dans le temple des Grands Anciens pour les prier de le laisser accéder à Kadath. Le voici donc dans le monde des rêves de la Terre à la recherche de l'endroit où demeurent les dieux. Ce monde est riche, vivant, habité, et l'on croise de nombreux lieux ou personnages déjà entraperçus dans certaines autres nouvelles de Lovecraft. Carter, qui est un rêveur expérimenté, connait bien ce monde et y compte certains alliés, rencontrés en rêve. Ce monde n'est cependant pas libéré de l'horreur et de l'inconnu : les marins se taisent quand Carter pose des questions sur certains lieux reculés auxquels ils préfèrent ne pas penser, les tailleurs de pierre détournent le regard quand Carter évoque de sombres contrées méconnues et redoutées. Dans les noires profondeurs, dans les froides hauteurs, rodent des créatures dangereuses et difformes. Cette quête est un superbe voyage dans un monde unique peuplé d'un panthéon de choses lovecraftiennes que ne vient qu'à peine ternir le style parfois répétitif de l'auteur. De même, la traduction est parfois un peu bizarre, j'ai notamment eu l'impression qu'il manquait quelques virgules, mais rien de très handicapant. Et comment ne pas voir dans Carter, cet ami des chats, ce rêveur passionné, cet écrivain solitaire et misanthrope, Lovecraft lui même ? Qui sait, ce récit est peut être exactement à l'image des rêves qui hantaient Lovecraft ...
Ces différents récits sont aussi fascinants que difficiles d'accès : il ne faut pas avoir peur de l'onirisme et de l’imaginaire très particulier de Lovecraft. Personnellement, j'ai plus qu'accroché. Pourquoi donc n'ai-je pas lu ce livre plus tôt ? Grand Lovecraft, Grands Anciens, pardonnez moi cet oubli, je vous ferai une offrande de biscuits au chocolat pour m'excuser. Ne venez pas trop hanter mes rêves ! Quoi que ...
316 pages, 1919-1933, 10/18
samedi 13 octobre 2012
L'écume des jours - Boris Vian
Voilà un livre très, très connu, un "succès permanent en librairie", comme dit en préface (ou ailleurs, je ne sais plus). Hop, je plonge dans ces lignes pleines de poésie et de surréalisme ...
Et bien whaou, c'est bizarre tout ça. Très bizarre. Il m'a bien fallu quelques dizaines de pages pour n’imprégner de l'univers de L'écume des jours, pour en intégrer la logique ... ou l'absence de logique. La semi-logique, plutôt. Surréalisme est bien le mot qui convient ... surréalisme, surréalisme et encore surréalisme. Tiens, chose que ne fais jamais, je vais mettre un petit extrait, cela m'évitera de tenter et d'échouer à décrire plus en détail ce style. Voici l'incipit du texte :
"Colin terminait sa toilette. Il s'était enveloppé, au sortir du bain, d'une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l'étagère de verre, le vaporisateur et pulvérisa l'huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots. Colin reposa le peigne et, s'armant du coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite."
Cette écriture, qui m'a d'abord fortement rebuté, m'a ensuite rapidement séduite, le temps que je mette ma raison de coté. Pour ce qui est de l'histoire, nous suivons six jeunes personnages, trois hommes et trois femmes. Bien sur, l'amour sera au centre de leurs relations mutuelles. Et si l'écriture de Boris Vian semble aussi légère qu'une bulle de savon, son univers est loin d’être tout rose. Ici, les héros meurent, et tuent, même. D'ailleurs, dans l’Écume des jours, les personnages secondaires tombent comme des mouches. Il doit y avoir des dizaines de décès violents (et absurdes) tout au long des pages, mais cela semble n’émouvoir personne, cela fait partie de la vie quotidienne. L'univers est ainsi bien plus sombre qu'il n'y parait au premier abord, et c'est bien pour cela que mon intérêt n'a fait que croitre au fil du récit. De même, un autre thème important de l'histoire, c'est le travail. Quand les personnages ont de l'argent, tout va bien, mais l'argent n'est pas illimité ... et les personnages vont devoir travailler pour essayer de contrer le pourrissement de leur environnement du à la pauvreté. Et le travail, ils n'aiment pas ça. C'est bien normal, vu l'absurdité des métiers inventés par Boris Vian. Bref, j'ai aimé la façon dont est traité ce sujet (enfin, c'était prêcher un converti). Ah, et je ne pouvais pas oublier de parler de la petite souris grise à moustaches noires ... trop mignonne !
Finalement, malgré un début difficile (où est donc passée ma raison chérie ?!), l’Écume des jours fut une très bonne lecture. Un objet lisible non identifié, au style unique et à l'univers plus riche et sombre que ce qu'on pourrait croire au début.
335 pages, 1946, Livre de poche
mercredi 10 octobre 2012
Galerie photo d'écrivains
Hop, une petite galerie pour mettre un visage sur quelques noms plus ou moins célèbres. Je n'ai pas sélectionné les auteurs au hasard, j'ai pris ceux parmi mes favoris qui ont ... comment dire ... "une tête". Et en noir et blanc, parce que c'est plus cool.
On commence avec quelqu'un qui devait obligatoirement se retrouver ici : H.P. Lovecraft. Le mythe de Cthulhu, Les montagnes hallucinées, Dagon, tout ça tout ça ...
George Orwell ! 1984 et La ferme des animaux, bien sur, mais aussi l'excellent Dans la dèche à Paris et à Londres, et Hommage à la Catalogne, qui fait partie de mon immense liste de livres à lire.
Aldous Huxley, célèbre auteur de Le meilleur des mondes, mais aussi d'autres romans, dont Ile, écrit l'année précédant sa mort, une utopie très intéressante, et La paix des profondeurs, qui est sur ma pile à lire.
J.R.R. Tolkien ! Je ne pense pas qu'une présentation soit nécessaire.
Edgar Allan Poe, connu pour ses nombreuses Histoires Extraordinaires traduites par Beaudelaire. Il a aussi écrit notament Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, un sympathique roman d'aventures.
Fédor Dostoïevski ! Le joueur, Les démons, Le sous-sol, et tout un tas d'autres chefs d’œuvre qui n'attendent que moi. Et une super barbe.
Milan Kundera. L'immortalité, L'insoutenable légèreté de l’être, et plein d'autres livres avec de jolis noms que je suis impatient de découvrir.
H.G. Wells. La guerre des mondes, L'ile du docteur Moreau, mais surtout le chef d’œuvre qu'est La machine à explorer le temps.
Je n'ai lu d'Oscar Wilde que Le portrait de Dorian Gray, mais c'était une lecture choc, de celles qui marquent. Et puis j'ai cette photo en poster dans mon appart.
William Gibson ne fait pas partie de mes auteurs favoris, je n'ai lu de lui que Neuromancien, qui m'a déçu, mais j'aime bien son visage, donc je le met ici.
On termine avec Robert Silverberg. Tout un tas de romans courts et intéressants parmi lesquels je retiendrai Le fils de l'homme, que je n'ai pas spécialement aimé mais qui est tellement bizarre et psychédélique qu'il mérite d’être lu, et l’excellente dystopie qu'est Les monades urbaines. Mais bon, je l'avoue, la photo, c'est surtout pour cet incroyable haussement de sourcil.
On commence avec quelqu'un qui devait obligatoirement se retrouver ici : H.P. Lovecraft. Le mythe de Cthulhu, Les montagnes hallucinées, Dagon, tout ça tout ça ...
George Orwell ! 1984 et La ferme des animaux, bien sur, mais aussi l'excellent Dans la dèche à Paris et à Londres, et Hommage à la Catalogne, qui fait partie de mon immense liste de livres à lire.
Aldous Huxley, célèbre auteur de Le meilleur des mondes, mais aussi d'autres romans, dont Ile, écrit l'année précédant sa mort, une utopie très intéressante, et La paix des profondeurs, qui est sur ma pile à lire.
J.R.R. Tolkien ! Je ne pense pas qu'une présentation soit nécessaire.
Edgar Allan Poe, connu pour ses nombreuses Histoires Extraordinaires traduites par Beaudelaire. Il a aussi écrit notament Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, un sympathique roman d'aventures.
Fédor Dostoïevski ! Le joueur, Les démons, Le sous-sol, et tout un tas d'autres chefs d’œuvre qui n'attendent que moi. Et une super barbe.
Milan Kundera. L'immortalité, L'insoutenable légèreté de l’être, et plein d'autres livres avec de jolis noms que je suis impatient de découvrir.
H.G. Wells. La guerre des mondes, L'ile du docteur Moreau, mais surtout le chef d’œuvre qu'est La machine à explorer le temps.
Je n'ai lu d'Oscar Wilde que Le portrait de Dorian Gray, mais c'était une lecture choc, de celles qui marquent. Et puis j'ai cette photo en poster dans mon appart.
William Gibson ne fait pas partie de mes auteurs favoris, je n'ai lu de lui que Neuromancien, qui m'a déçu, mais j'aime bien son visage, donc je le met ici.
On termine avec Robert Silverberg. Tout un tas de romans courts et intéressants parmi lesquels je retiendrai Le fils de l'homme, que je n'ai pas spécialement aimé mais qui est tellement bizarre et psychédélique qu'il mérite d’être lu, et l’excellente dystopie qu'est Les monades urbaines. Mais bon, je l'avoue, la photo, c'est surtout pour cet incroyable haussement de sourcil.
samedi 6 octobre 2012
La Peau de Chagrin - Balzac
Mon second contact avec Balzac m'a plus convaincu que le premier : si Le lys dans la vallée m'avait plu, sans plus, La Peau de Chagrin est bien plus enthousiasmant.
Le roman est divisé en trois parties bien différentes. Ou, plutôt, deux parties entrecoupées d'un long flashback. Dans la première, Le Talisman, le lecteur découvre Raphaël, le personnage principal de l'histoire. Ce jeune homme est bien malheureux, et même sur le point de se suicider. Mais bien sur, un événement va l'en empêcher, sans quoi le roman aurait été bien court ... Cet événement, c'est la découverte du talisman en question, la fameuse peau de chagrin. Cette relique, une fois attachée comme une sangsue à sa victime, a le pouvoir d’exaucer tous ses désirs. Malheureusement, il s'agit bien de tous les désirs, mêmes ceux exprimés légèrement au fil de la conversation. Et chaque miracle accomplit cause une réduction de la taille de la peau de chagrin et entraine son possesseur vers une mort certaine ... Raphaël s'en rendra progressivement compte dès que son premier souhait, celui d'une fête grandiose, s'accomplira. Lors de cette soirée, il racontera à un ami les raisons de son désir de mort dans d'un long monologue qui fera office de seconde partie : La femme sans cœur. Je ne vais pas faire de résumé, le titre est assez évocateur. C'est dans la troisième partie, L'agonie, que Raphaël trouvera véritablement l'amour. Malheureusement, sa vie lui échappe rapidement ...
Si La Peau de Chagrin m'a plus charmé que ma précédente lecture de Balzac, c'est certainement dû au fait qu'ici le récit ne se résume pas à une histoire d'amour pleine de bons sentiments. Certes, on a bien droit à quelques descriptions amoureuses grandiloquentes, mais heureusement pas autant que dans Le lys dans la vallée. D'ailleurs, les descriptions en tous genres sont souvent un peu trop longues, mais rien qui n'entache le plaisir de lecture. Quand au reste, c'est du tout bon. Vision lucide de la bonne société de l'époque, personnalité du héros, qui, cherchant quelle place accorder à ses désirs, oscille entre idéalisme artistique et dépravation, représentation balzacienne du pacte avec le diable ... Il est difficile de na pas faire un rapprochement avec le génial Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, mais contrairement à son homologue Dorian, Raphaël ne sombrera pas dans le vice, et restera un homme bon (moi je trouve que c'est moins marrant quand même).
En somme, La peau de chagrin offre un très bon moment de lecture à travers le personnage de Raphaël, voulant mourir quand la vie s'offre à lui et vivre quand la mort l'emporte. L'aspect fantastique du récit, même s'il ne constitue pas véritablement son centre, m'a beaucoup séduit.
375 pages, 1831, Folio
Le roman est divisé en trois parties bien différentes. Ou, plutôt, deux parties entrecoupées d'un long flashback. Dans la première, Le Talisman, le lecteur découvre Raphaël, le personnage principal de l'histoire. Ce jeune homme est bien malheureux, et même sur le point de se suicider. Mais bien sur, un événement va l'en empêcher, sans quoi le roman aurait été bien court ... Cet événement, c'est la découverte du talisman en question, la fameuse peau de chagrin. Cette relique, une fois attachée comme une sangsue à sa victime, a le pouvoir d’exaucer tous ses désirs. Malheureusement, il s'agit bien de tous les désirs, mêmes ceux exprimés légèrement au fil de la conversation. Et chaque miracle accomplit cause une réduction de la taille de la peau de chagrin et entraine son possesseur vers une mort certaine ... Raphaël s'en rendra progressivement compte dès que son premier souhait, celui d'une fête grandiose, s'accomplira. Lors de cette soirée, il racontera à un ami les raisons de son désir de mort dans d'un long monologue qui fera office de seconde partie : La femme sans cœur. Je ne vais pas faire de résumé, le titre est assez évocateur. C'est dans la troisième partie, L'agonie, que Raphaël trouvera véritablement l'amour. Malheureusement, sa vie lui échappe rapidement ...
Si La Peau de Chagrin m'a plus charmé que ma précédente lecture de Balzac, c'est certainement dû au fait qu'ici le récit ne se résume pas à une histoire d'amour pleine de bons sentiments. Certes, on a bien droit à quelques descriptions amoureuses grandiloquentes, mais heureusement pas autant que dans Le lys dans la vallée. D'ailleurs, les descriptions en tous genres sont souvent un peu trop longues, mais rien qui n'entache le plaisir de lecture. Quand au reste, c'est du tout bon. Vision lucide de la bonne société de l'époque, personnalité du héros, qui, cherchant quelle place accorder à ses désirs, oscille entre idéalisme artistique et dépravation, représentation balzacienne du pacte avec le diable ... Il est difficile de na pas faire un rapprochement avec le génial Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, mais contrairement à son homologue Dorian, Raphaël ne sombrera pas dans le vice, et restera un homme bon (moi je trouve que c'est moins marrant quand même).
En somme, La peau de chagrin offre un très bon moment de lecture à travers le personnage de Raphaël, voulant mourir quand la vie s'offre à lui et vivre quand la mort l'emporte. L'aspect fantastique du récit, même s'il ne constitue pas véritablement son centre, m'a beaucoup séduit.
375 pages, 1831, Folio
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mercredi 3 octobre 2012
Dragons - Marie Desplechin
Dragons est un bouquin assez étrange. Entre univers imaginaires et monde réel, à la croisée des genres, il nous conte des bouts de vie de quelques personnages.
Dragons commence comme une histoire de fantasy. Sur une ile bretonne, un dragon est vaincu par un guerrier chrétien. Il est cependant précisé que le dragon sommeille toujours ... Le ton est très ironique, surtout vis à vis de la religion. Mais ce n'est là que l'introduction : on passe ensuite, et définitivement, à l'époque moderne. Le lecteur va pouvoir suivre plus d'une demi douzaine de personnages, d'abord lors d'un week-end sur l'ile en question, puis dans un cadre urbain plus classique. On pourrait croire que le séjour sur l'ile sera l'occasion d'une rencontre avec le dragon, mais non, on devra se contenter de quelques allusions. D'ailleurs, tout le récit est parsemé de petites références à ces créatures. Quand aux personnages, ils sont assez spéciaux, voir proches de la folie. Entre Pascale, qui est sujette à des visions prémonitoires, Damien, qui a des besoins sexuels intarissables, George, qui chaque nuit subit des cauchemars, et quelques autres, on a notre compte de bizarreries.
Tiens, un autre personnage encore plus étrange : Emmanuel. Lui, il est mort. C'est un fantôme. On le voit, Dragons lorgne aussi du coté du fantastique. Mais malheureusement, on se demande un peu pourquoi. Emmanuel, par exemple, à part le fait qu'il soit mort, est un personnage comme les autres. A un moment du récit, il disparait. On ne sait pas trop pourquoi, ni au final ce qu'il venait faire là. C'est d'ailleurs un peu tout le problème du récit ... Du fantastique, on en a aussi d'une autre façon : on est souvent perdu, tout comme les personnages, entre rêve et réalité. La réalité devient floue. Certes, pourquoi pas ... mais encore une fois : où est-ce que cela nous mène ? Franchement, je n'ai pas compris. Il y a bien une petite tentative d'explication à base d'univers parallèles qui sonne comme une goutte de SF dans le récit, mais on se demande encore fois : pourquoi ? De plus, si les interactions entre les personnages, leurs personnalités et leurs réflexions sont parfois intéressantes, l'ensemble n'est pas très convainquant.
Bref, peut être que le fait d’être familier des littératures de l’imaginaire m'a rendu trop exigeant sur le sujet ... mais j'en doute. Même s'il se laisse lire, Dragons s’emmêle dans toutes ses influences et n'arrive pas à proposer un tout cohérent et digne d’intérêt.
228 pages, 2003, Points
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