jeudi 5 mars 2020
The Chrysalids - John Wyndham
John Wyndham est surtout connu pour l'excellent Day of the Triffids. The Chrysalids (1955) partage le même thème apocalyptique, mais traité d'une façon différente. Après ce que le lecteur devine rapidement être un cataclysme nucléaire, une petite civilisation se développe du côté de Terre-Neuve. Le protagoniste est un enfant qui, après environ un tiers de roman, aura la vingtaine. Il vit loin de la capitale, dans une communauté agricole qui prend très au sérieux l'orthodoxie génétique : les cultures mutantes sont brulées, le bétail mutant est tué et les humains mutants, qu'ils soient vraiment bizarres ou aient juste un orteil en trop, sont bannis vers des territoires où les radiations font encore des ravages. Bien sûr, notre protagoniste a lui-même un petit secret : il partage avec d'autres jeunes un don pour la télépathie. Ils communiquent entre eux via la pensée, ce qui fait d'eux la prochaine étape de l'évolution humaine, d'après le propos de l'auteur, et donc en fait de parfaits boucs émissaires.
On se croirait presque dans un roman pour adolescents : un groupe de jeunes dotés de capacités uniques fait face au conservatisme et à l'ordre établi des adultes. Alors certes, John Wyndham écrit très bien, et il y a un sens de la narration brillant, mais le tout manque un peu d'enjeux. Le plus gros défaut de ce roman, c'est peut-être que le thème de l'apocalypse atomique, très en vogue à l'époque, sent aujourd'hui le réchauffé. L'idée de "mutants", c'est assez daté. Il manque vraiment quelque chose pour en faire plus qu'une énième histoire de conflit générationnel dans un cadre post-apo. De plus, la fin manque vraiment de piquant : il se trouve que les néo-zélandais s'en sont bien sortis et on un niveau de technologie stupéfiant, alors ils viennent en aide à nos héros et les amènent dans leur petite utopie où ils vont pouvoir fonder une humanité télépathique. Bof, d'autant plus qu'on se demande pourquoi cette civilisation si avancée technologiquement n'a même pas été assez curieuse pour explorer la planète auparavant. Je m'en veux presque d'être aussi sévère, parce que John Wyndham est un excellent narrateur : il parvint à installer une véritable ambiance de chasse aux sorcière dans une société intolérante et violente sans jamais sombrer dans le gore facile : le ton est habilement psychologique. Dommage que le propos manque d'ampleur.
Pour conclure, je suis frappé par le fait que deux romans de SF français d'à peu près la même époque lus très récemment, La mort du fer et La parcelle Z, semblent eux aussi espérer une voix spirituelle, peut-être même mystique, pour l'humanité. Vraiment, symptôme d'une époque déçue par la technique.
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