samedi 14 mars 2020
The Great Gatsby - Fitzgerald
Si Tendre est la nuit m'avait rapidement assommé d'ennui il y a quelques années, The Great Gatsby (1925) est aisément parvenu à accrocher mon intérêt. Pourtant, on ne peut pas dire que les personnages soient particulièrement intéressants : le narrateur est sympathique et offre une subjectivité à laquelle le lecteur peut s'identifier, et le fameux Gatsby s’étoffe vers la fin, mais sinon, tout le monde, dans ce roman, est parfaitement superficiel. Il s'agit essentiellement de riches oisifs qui ne font pas grand chose d'autre que s'ennuyer ensemble. Heureusement, Fitzgerald est habile, et il joue totalement là-dessus : la plupart des dialogues et des situations ont une touche d'absurde qui met en valeur cette superficialité avec un humour piquant qui fait mouche. Ainsi il façonne un rapport facétieux avec son lecteur, le temps d'installer sa trame.
Et si cette trame est très simple (le riche Gatsby se languit d'un amour de jeunesse avant d'essayer d'y replonger et de se heurter à la dure réalité, ce qui édifie le narrateur), elle est mise en place avec une élégance remarquable. Dans The Great Gatsby, il n'y absolument rien en trop : tous des détails sont des ingrédients du nœud narratif qui se resserre. Cette extrême précision peut donner une certaine impression de stérilité, de froideur, mais on ne peut lui enlever son efficacité et son côté réjouissant : tout fait sens, peut être un peu trop, certes, mais au moins, on ferme le livre en hochant la tête avec approbation face à ce talent romanesque.
Et plus on se se rapproche de la fin, plus Gatsby, qui au début ne parait être qu'un millionnaire bouffon de plus, prend de l'épaisseur. Par un procédé qui m'a fait penser à Stoner, un autre classique américain, le père de Gatsby vient éclairer la personnalité de son fils. Fermier inculte, il est ravi, enthousiasmé, ébloui par le succès de son fils, succès très relatif, qui d'ailleurs aura coûté une incompréhension générationnelle. The Great Gatsby a vraiment une petite touche qui fonctionne particulièrement : je crois, au risque de me répéter, que c'est (sans compter la texture de la prose) tout particulièrement la rigueur épurée de sa construction narrative, qui le rend à la fois très accessible, facile à lire, et satisfaisant pour les lecteurs plus exigeants. Le point commun d'un certain nombre de classiques.
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