samedi 4 avril 2020
Thérèse Desqueyroux - François Mauriac
La Thérèse Desqueyroux (1927) qui donne son nom au roman de François Mauriac est la victime d'un mariage raté. Victime, mais aussi bourreau, puisqu'elle tente d'assassiner son mari avec qui elle est malheureuse. La forme, déjà : c'est court et construit d'une façon inhabituelle, avec une un emploi partiel du présent, des va-et-vient temporels permanents, des points de vue fragmentaires et une intégration sans frontière des monologues intérieurs de Thérèse. Au début, ça m'a semblé un peu inutilement grandiloquent, mais on s'y fait vite, et finalement ce style contribue à donner une épaisseur étonnante à un petit roman.
La trame est simple, vue et revue : le mariage raté. Cependant l’exécution est assez irréprochable. Thérèse est un personnage ambigu, à la fois trop imaginative pour survivre dans un milieu de gens on ne peut plus terre-à-terre, et trop peu éduquée pour savoir quoi faire d'elle-même. Son mari, accaparé par le goût de la chasse et le devoir familial, n'est jamais effleuré par la moindre abstraction, ce qui donne d'autant plus de force à la fin, quand enfin il semble se poser une question. Le jeune homme parisien qui vient rappeler à Thérèse le potentiel réel de la vie est de son côté l'incarnation d'une élite intellectuelle, au sens large, face à laquelle Thérèse ne peut que se sentir emmuré dans un cadre familial écrasant, étouffant. Le thème de l'étouffement est récurrent, et au final le lecteur ne peut guère blâmer Thérèse pour son égoïsme : elle a envie d'exister, elle s'y prend simplement mal. J'ai apprécié Thérèse Desqueyroux, petit roman psychologiquement habile. Il m'a donné envie de relire Anna Karénine. C'est un compliment.
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