Un roman qui a été écrit avant la brillante trilogie du Problème à trois corps. J'avais aussi apprécié de Liu Cixin le recueil The Wandering Earth, et je crois que j'ai gobé les 500 pages de Boule de foudre en à peu près une journée. En effet, ça se lit très bien. C'est très exactement de la science-fiction : il y a un mystère scientifique (celui des boules de foudres — voir Tintin et les 7 boules de cristal) et toute la trame est une longue poursuite de la connaissance. Nos trois protagonistes, des scientifiques (dont une scientifico-militaire qui va utiliser les boules de foudre pour créer des armes), sont eux aussi lancés à cœur perdu dans cette quête, et leur enthousiasme, pour ne pas dire leur fanatisme, est contagieux. Ça m'a fait penser aux personnages d'Ayn Rand, à la moralité discutable mais habités par une intensité communicative.
Il s'avère que Liu Cixin s'amuse à ramener la physique quantique dans le monde macroscopique, et comme par exemple dans Isolation de Greg Egan, il faut pousser assez loin la suspension d'incrédulité, mais ça fonctionne malgré tout. Il y a aussi cette idée ancienne des atomes comme des mini univers, et notre univers comme un atome d'un univers plus vaste, etc., mais Liu Cixin ne s'engage pas dans cette direction. Il se concentre plutôt vers les applications belliqueuses de la science explorée, et quoi de mieux qu'une troisième guerre mondiale entre la Chine et les US pour tester des armes bizarres ? J'ai particulièrement apprécié la fin de cet arc, où, même si les chinois font une grosse erreur et grillent toutes les puces électroniques d'un tiers de leur territoire, les US sont terrifiés et capitulent, car ce seraient les nations les plus développées, et les plus dépendantes de la technologie, qui auraient le plus à perdre d'un retour global à l'age de pierre dans le cas où cette arme serait à nouveau déployée.
En revanche, je regrette que la fin tourne un peu au mélodrame. C'est ce qui fait que je n'aime pas du tout des films de SF comme Interstellar ou Arrival : développer de gros concepts à priori sidérants, et finalement les relier bassement à du mélodrame personnel. Heureusement, Liu Cixin ne tombe pas totalement dans ce piège, mais il y a toute une partie du récit qui traite de le vie / non vie de certains humains dans un état quantique, partie du récit qui développe une chouette idée mais ne parvient pas à la développer d'une façon qui dépasse le gadget narratif, gadget utilisé un peu trop souvent et artificiellement pour essaimer du mystère.
La quatrième de couverture mentionne un « page turner d'exception », et je trouve que c'est un terme très approprié : Boule de foudre est écrit avec la verve d'un bon thriller tout en étant aussi de la bonne SF. Peut-être pas aussi mémorable que ça aurait pu l'être, mais hautement lisible et stimulant.
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