Il ne fait aucun doute que l'auteur est un expert sur son sujet. Il ne manque pas de parler des expériences effectuées sur le terrain (expériences dont les techniques autant que les résultats sont souvent étonnants), et si on cherche des infos sur les vers de terre et leurs interactions avec l'environnement, je veux bien croire que ce bouquin soit la référence grand public. (Rien à voir avec cette horreur.) Dommage que ce soit très pénible à lire. L'auteur est bavard, il papote sur ce qui lui passe par la tête, il maintient de bout en bout un ton outré et sarcastique, et on a autant l'impression de le lire ventiler ses frustrations que disserter sur les vers de terre. C'est aussi fort mal structuré et extrêmement répétitif. Après 100 pages, je suis passé en mode lecture (très) rapide, et après 100 pages supplémentaires, je me suis contenté de feuilleter rapidement.
On sait que les très nombreuses espèces de vers de terre contribuent fortement à la vie et la fertilité du sol, notamment en transportant la matière organique et en la mettant à disposition des autres organismes du sol. Il existe 3 groupes principaux de vers de terre, eux-mêmes contenants une forte variété, ce qui empêche d'en faire une description approfondie :
- Les épigés, qui restent en surface, dans les débris végétaux dont ils se nourrissent. Très exposés aux prédateurs, ils se reproduisent avec une forte fertilité pour compenser cette vulnérabilité. Leur peau pigmentée sert de camouflage.
- Les endogés, qui vivent plus profondément et creusent des galeries surtout horizontales.
- Les anéciques, de plus grande taille, les plus longévifs, qui creusent des galeries surtout verticales et participent ainsi à l'échange de matière entre les strates du sol. Du crépuscule jusqu'à l'aube, ils se nourrissent en surface, laissant une partie de leur corps dans leur galerie et picorant de l'autre. Ce sont eux qui créent les turricules, leurs fertiles tas de déjection. Ils sont très forts pour se mettre en léthargie quand les conditions sont défavorables (trop froid, trop sec).
Les vers de terre, n'ont certainement pas de mâchoire, mais ils ont un gésier, qui broie la matière. En créant galeries et pore, ils participent aux interactions fertiles entre sol, air et eau. Ils créent des frontières poreuses où fructifie la vie. Tous les lombriciens sont hermaphrodites (les deux sexes sur le même individu). Notons que Darwin, dans son fameux ouvrage sur les vers de terre, avait déjà saisi tout un tas de choses pertinentes, et il est fréquemment cité ici.
Sur les bases de la structure des vers de terre :
La métamérie désigne une organisation “en longueur” des animaux, qui se constitue dès l’embryon. Ces animaux se développent à partir des trois couches de cellules qui se différencient à l’avant en ce qui participera à la tête et à l’arrière en un anneau postérieur bien distinct (ou métamère). Puis l’opération se reproduit, la masse cellulaire antérieure produit un nouvel anneau, qui repousse en arrière le premier formé. Et cela se répète. Cette production d’anneaux se poursuit, ajoutant ainsi des métamères à l’individu qui, en s’allongeant, devient un ver tubulaire annelé. À la fin de la croissance, il peut y avoir quelques dizaines, voire centaines, de métamères avec en continu la couche cellulaire externe qui donnera, entre autres, l’épiderme protecteur et la couche interne à l’origine notamment du tube digestif. [...] Cette organisation s’est conservée excellemment chez les vers Annélides, auxquels appartiennent les vers de terre, et de façon très modifiée chez les hommes dont les anneaux transformés sont encore observables, par exemple les vertèbres et les côtes.
Le corps des annélides se déplace par contractions, contractions qui augment la pression d'un certain liquide : c'est un déplacement par pression hydraulique, pour écarter à l'avant les sédiments et ouvrir un terrier. Cette pression sélective est extrêmement importante : ces animaux vivant dans des galeries, l'évolution sera limitée par le format tubulaire pour le développement des organes, et notamment un format tubulaire régulier. Le format tubulaire lui-même contribue à empêcher la créations de membres ou organes qui ne seraient pas tubulaires.
Je note un aparté sur une originale classification des plantes :
- Les plantes compétitrices, vivant sans un environnement favorable à la vie. L'activité biologique est intense et la décomposition aussi. Le principal facteur limitant des plantes et leur surface de panneaux solaires, donc elles poussent, elles poussent.
- Les plantes résistantes, dans des écosystèmes plus hostiles. Il y a de la place, et pour cause, pas facile de vivre dans ces conditions. La croissance est limitée mais mieux vaut être solide. Les moyens de défense chimiques sont élaborés et la décomposition de la matière organique est plus lente.
- Plus marginales, les plantes rudérales, qui survivent longtemps sous forme de graine (notamment) et croissent vive quand les conditions sont remplies (une rare pluie dans un désert par exemple).
Les lombriciens, comme bien d'autres animaux, utilisent les micro-organismes pour optimiser la digestibilité de leur nourriture. Ils reconsomment, après fermentation microbienne, une grande quantité de leurs ex-déjections. Le sol est ainsi parsemé de ces déjections-réserves qui mûrissent comme un aliment fermenté. Les racines des plantes adorent ces grumeaux qui participent au cycle de l'azote. Les algues de la surface du sol sont aussi une part importante de l'alimentation des vers de terre, c'est une bouillie de micro-organismes aisée à avaler et à digérer.
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