Ok, je sais que je ne suis pas le public cible, mais tout de même : c'est atroce. Vraiment atroce. Exemple. (Il s'adresse à un ver de terre, procédé qui court dans tout le bouquin.)
Quant au mot nègre, il est perçu comme péjoratif car il est lié à une période tragique de l'humanité. C'est même une insulte qui vise à humilier les personnes à la peau noire. C'est ça la condition humaine, des conditions inhumaines pour la grande majorité et un contexte qui te permet de mieux comprendre l'absence de considération que nous avons à l'égard de ton peuple. Nous vous maltraitons avec la même malveillance qu'entre nous. Et ta condition n'est pas pire que celles des Noirs pendant leurs heures les plus sombres, des êtres humains à la peau noire considérés bien moins qu'une vache ou un âne. Ils n'existaient plus en qualité d'être mais d'avoir.
Même si nous passons notre temps à chanter l'amour, nous sommes devenus des êtres tordus et méchants comme la gale entre nous, léchant le cul de ceux qui nous dominent avec l'espoir de prendre leur place, humiliant ceux que nous considérons comme inférieurs. Parce que nous sommes des êtres insatisfaits par notre condition, et que l'insatisfaction est un cocktail explosif qui incite les individus à se chamailler et à s'entre-tuer. Et nos dominants usent de ce stratagème pour contrôler ce qu'ils appellent la masse, autrement dit les soumis qui rêvent de dominer les autres…
Oui, l'auteur fait une bizarre fixation sur le mot nègre. (Passons sur le niveau d'analyse.) Vous me demanderez : qu'est-ce cette bouillie a à voir avec les vers de terre ? Rien du tout, comme la grande majorité de ce livre heureusement court. Je n'exagère pas : on pourrait réunir les informations concernant les vers de terre sur peut-être 5 pages. En plus, le (très) peu que l'auteur raconte d’intéressant est une description d'un documentaire qu'il a vu à la télé ! Par contre, il trouve le temps de s'auto-congratuler à propos de son analyse pointue (je cite). Le reste, c'est la logorrhée incohérence d'un auteur qui n'a pas dû lire beaucoup de livres avant d'en écrire. Enfin, si, il a lu Bernard Werber, qu'il cite comme une référence philosophique majeure.
Sans parler du ton abyssal, terriblement vulgaire: salope, pute, couille, bite (je cite). Blagues du style : je ne suis pas zoophile (je cite toujours). Allez, une perle parmi d'autres, qu'on trouve juste avant un approfondissement sur le lesbianisme des vaches :
Dire que le ver de terre a une sexualité débridée serait tout aussi racoleur que de soutenir qu'il ne prend aucun plaisir. Pourquoi ? D'abord, parce que tout le monde ignore s'il en prend, lui seul pourrait répondre, ensuite parce que l'Histoire nous a appris à nuancer nos certitudes pour ne pas la gober. Une certitude tout de même, chez le lombric terrestre, on ne tire pas comme un lapin. Et sans vouloir offenser certains hommes, il prend même ce temps nécessaire au plaisir de l'échange. Soyons clairs, mon but n'est pas ici de réveiller certaines frustrations féminines, même si nous devons admettre que les préliminaires font partie intégrante de la sexualité du ver de terre. Bref, j'imagine que ça peut faire rêver certaines. [...] Par exemple, comment savent-ils que leur voisin de palier a la même envie qu'eux au même moment ? J'écris voisin de palier parce que le ver de terre baise avec sa voisine. Le premier voisin qui sort la tête de son trou, pan : prends ça dans le cornet, voisine. Pour ceux qui commencent bêtement à s'exciter, je rappelle que sa voisine est un voisin.
Bon, j'arrête. Que peut-on retenir sur les vers de terre ? Le sol fonctionne comme un estomac, avec son lot d'organismes qui digèrent la matière organique. Le ver de terre mange du végétal, mais parfois de la viande. Le labour leur fait pas du bien, et les produits chimiques leur font du mal. Le ver de terre peut faire prédigérer sa nourriture par des micro-organismes. Il peut transporter des bouts de végétaux dans sa bouche.
C'est tout. Vraiment. Il ne décrit même pas, ne serait-ce que succinctement, les différents types de vers de terre. Au moins, ça m'aura donné envie de lire un livre sérieux sur le sujet.
Décidément les vers sont à la mode 😄
RépondreSupprimerJe lis en ce moment Humus de Gaspard Koenig.
Deux étudiants qui lancent une start up de vermicompostage et qui se heurtent à la réalité de la vie rurale.
Intéressant ! Je suis aussi en train de lire un autre livre sur le sujet, Des vers de terre et des hommes de Marcel Bouché (Nomic)
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