jeudi 12 octobre 2023

Poems for the lost because I'm lost too - Exurb1a

Poems for the lost because I'm lost too - Exurb1a

Donc, c'est supposé être de la poésie, et il est inévitable que je commence par là : est-ce que revenir à la ligne en plein milieu des phrases est vraiment le facteur essentiel qui définit la poésie ? Parce que pour la plupart des textes ici rassemblés, rien d'autre ne les rattache à ce genre. Il y a des aphorismes, de l'autofiction, de la micro-fiction, et certes, quelques autres plus rythmés, mais à part ces derniers, ils me semble que ces textes sont diminués par cette convention arbitraire. C'est juste des aphorismes et de la fiction avec des retour à la ligne tout le temps, ça ne sert à rien, ça n'est aucunement « poétique », et inclure un texte pour se moquer de cette manie ne l'excuse en rien.

Heureusement, ça n'empêche pas le tout d'être très sympa — du moins pour un type de lecteur, le lecteur qui se reconnait dans l'auteur. D'un côté, je trouve un peu facile cette technique qui joue sur l'identification du lecteur à l'auteur, le « on est trop pareil ». Je suppose que beaucoup de ceux qui vont aimer ce livre vont l'aimer parce qu'ils se reconnaitront dans ces lignes qui s’adressent aux introvertis-intellos-rationnels-dépressifs-créatifs avec une forte tendance à l'addiction (je m'y reconnais). Et ça me gêne, car c'est confondre lien humain et bonne littérature.

Heureusement (encore), il y a d'autres qualités. La succession de court textes variés fait qu'on est toujours curieux de découvrir ce qui nous attend par la suite, aussi bien sur le fond que sur la forme (hors retours à la ligne). C'est souvent drôle, malgré un abus d'auto-dépréciation. D'ailleurs, je me suis dit régulièrement que j'aurais pu écrire les mêmes trucs, mais pas avec l'humour. Le ton pessimiste manque un peu de chair, c'est sans doute plus superficiel que ça voudrait l'être (voire embrassant : associer stoïque à apathique), mais il y a quelques passages, quelques textes, qui font particulièrement mouche, comme Church of the Godless.

Et là au milieu, il y a une excellente nouvelle, The Good Ship Lightship Ikkarad. Encore une fois, impossible de ne pas sentir une certaine proximité avec l'auteur, puisque j'ai moi-même écrit une petite nouvelle sur quasiment le même sujet : premier contact entre humains et entité démiurgique, cette dernière n'étant finalement pas plus avancée que les premiers sur les questions de satisfaction et de sens. (J'ai même là-dessus un roman en cours qu'il faudra bien que je termine un jour.) Oui, une excellente petite nouvelle, un poil confuse dans sa forme qui se veut « poétique » (comprenez : phrases découpées en morceaux), mais dont l'essence n'a pas manqué de me parler.

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