De Sándor Márai, je m'aperçois avec surprise, grâce à l'outil mémoriel qu'est ce blog, que j'ai déjà lu Les Révoltés et Libération, dont je ne garde guère de souvenirs. Quant à ce roman-là, Les Braises, publié originellement en 1942, il m'a laissé des impressions ambivalentes. Je comprends qu'il a de quoi s'affirmer comme un classique. En plus de l'écriture irréprochable, la structure possède une certaine touche de perfection. Cette histoire d'amitié brisée est divisée en deux parties : la première commence dans le présent mais multiplie les plongées dans le passé pour étudier l'origine de cette amitié, et la seconde est une longue conversation entre les deux protagonistes. Au fil des pages, ça épilogue sur l'idée d'amitié et l'âme humaine en général.
Tout ça n'est pas dénué d'intérêt, mais c'est un peu... froid, pour ne pas dire ennuyeux. Pour commencer, la trame est au final extrêmement basique : un triangle amoureux, déjà lu cent fois ailleurs. C'est d'autant plus pénible que ce triangle amoureux — et certes la tragédie plus spécifique qui l'accompagne — est traité comme le moteur central du suspense du roman, d'une façon grave et solennelle qu'un poussif aussi éculé peine à soutenir. Je n'avais pas par exemple ce reproche à faire à Les Égarements du cœur et de l'esprit car, en plus des diverses qualités du roman, le poncif du triangle amoureux est traité avec bien plus de distance et de légèreté.
C'est aussi un peu longuet, notamment pendant le dialogue : lui donner le nom de dialogue est lui faire grâce, car c'est avant tout le monologue d'un personnage auquel l'autre donne incessamment la réplique sans, au final, dire quoi que ce soit. J'ai donc souvent lu en diagonale pour passer sur tous ces mots superflus. De même, l'exploration des idées, l'aspect intellectuel du roman, laisse un sentiment d'inachevé et de superficiel. Les personnages ont souvent des opinions bien affirmées, très tranchées, mais au final on n'a guère l'occasion de plonger ni dans les dédales de leurs raisonnements, ni dans leur expérience vécue. Le fait qu'aucun des deux ne parvienne a être un tant soit peu sympathique n'aide pas et ajoute à la froideur du roman.
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