Ah, la SF française contemporaine : je n'y ai jamais trouvé grand-chose à mon goût. Ce n'est pas Le Paradoxe de Fermi de Jean-Pierre Boudine qui me fera changer d'opinion. J'en ai d'abord lu 20 pages, et c'est suffisant pour deviner l'intégralité du roman : une trame apocalyptique archétypique agrémentée de l'idée que toutes les sociétés techniciennes complexes sont vouées à l'autodestruction, et paf, ça permet d'évoquer le paradoxe de Fermi. Ça m'a suffi et j'ai reposé le volume après ces 20 pages.
Cependant, je me trouvais dans un contexte physique où je n'avais pas beaucoup d'options de lecture sous la main... j'ai donc repris le roman et je l'ai terminé. Mon jugement initial s'est révélé valide, même si je n'avais pas prévu l'évocation d'un "Ordre" qui se voue à regrouper et maintenir le savoir à travers l'apocalypse, poncif lu maintes fois depuis Fondation ou encore Un cantique pour Leibowitz. Je ne voudrais pas donner l'impression que le roman de Jean-Pierre Boudine est mauvais, il ne l'est pas, mais, disons, c'est tellement prévisible que quiconque a déjà lu une poignée de bonne littérature SF aura du mal à accrocher. Pour qui n'a pas ce bagage, pourquoi pas : ça va plutôt vite, ce n'est pas mal écrit, c'est vaguement intello, ça introduit au paradoxe de Fermi... D'ailleurs, ce titre me semble tellement racoleur : d'autres romans explorent ce thème avec tellement plus de détails et de profondeur que la thèse développée ici, juste le temps de quelques pages, frise l'arnaque — thèse par ailleurs intéressante, il s'agit simplement d'une des nombreuses solutions possibles du paradoxe de Fermi, décrite et détaillée d'une façon qui se lit avec plaisir. Si le roman avait eu un autre titre, ou si la trame et le paradoxe avaient été véritablement interconnectés, j'aurais été moins sévère... En attendant, il me semble que c'est le genre de livre qui plaira aux lecteurs avec un peu moins de bagage en SF — et aux gens dans mon genre dans 100 ans, tant il évoque en masse les craintes et obsessions d'une époque que nous, nous ne connaissons que trop bien.
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