Un gros volume qui recueille de nombreux articles à priori rédigés par des membres ou collaborateurs du muséum d'histoire naturelle. Comme tout livre recueil, c'est bien entendu inégal et parfois frustrant : on a régulièrement l'impression que les articles ne font qu'effleurer un sujet, certains ne parviennent pas à communiquer efficacement dans ce format, et les introductions/préfaces à rallonge font un peu superflues. Néanmoins, il y là-dedans de quoi épancher sa curiosité, on est toujours curieux de découvrir l'article suivant, et le travail d'édition est excellent, c'est un bel objet agréable à parcourir, richement et souvent utilement illustré.
Il y a quatre grands chapitres, et avant d'être débordé par ma prise de notes, je vais, je crois, écrire au fur et à mesure un petit compte-rendu sur chacun d'entre eux.
Chapitre I : Histoire(s) de la planète
Si j'ai critiqué les introductions (il faut attendre la page 66 pour avoir les articles), j'aime beaucoup les trois double pages de cartes, particulièrement celle qui retrace l'histoire supposée de la domestication des plantes et des animaux. Une autre est accompagnée d'un petit graphique qui rappelle la corrélation (et dans ce cas la causation) frappante entre la stabilisation du climat il y a 10000 ans et les débuts de l'agriculture.
Avec tous ces articles, difficile pour moi de faire plus que relever quelques anecdotes, mais allons-y. Il est à présent 5 fois plus rare qu'au 19ème siècle de découvrir une météorite "fraîche". Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a à la fois beaucoup plus de pollution lumineuse, ce qui empêche d'en voir les signes, et parce qu'il y a beaucoup moins de gens qui trainent dans les campagnes, aussi bien à cause de l'exode rural qu'à cause du développement des loisirs d'intérieur. Les météorites ont eu leur heure de gloire d'une façon inattendue dans les civilisations passées : elles donnaient accès à des sources de fer avant le développement de la sidérurgie. Ainsi Toutankhamon a été enseveli avec une dague et d'autres objets en fer extraterrestre ! Les météorites sont d'ailleurs plus facile à trouver dans les déserts qu'ailleurs, grâce à leur teinte sombre. D'autres endroits et époques ont su en profiter, notamment des peuples du Groenland, qui se sont fait piquer leurs seules sources de métal (des météorites géantes) par les explorateurs occidentaux sans scrupules. On peut supposer que ces divers groupe avaient conscience de l'origine des météorites (le ciel) et que les objets qui en était extraits devaient posséder une aura mythique particulière.
Autre source d'information rocheuse : les fossiles. Grâce à un procédé que je ne m'aventurerai pas à décrire, il est à présent possible d'identifier la couleur de certaines bestioles fossilisées. Les oursins sont apparemment un objet de recherche passionnant, et je note un détail : il semblerait que l'évolution d'une symétrie bilatérale chez certains oursins s'accompagne de l’acquisition d'un mode de déplacement unidirectionnel, et du déplacement de la bouche vers l'avant et de l'anus vers l'arrière. Il me semble qu'il y a une évolution convergente de ces traits chez toutes sortes d'espèce. De plus, ça invite à ne pas prendre comme allant de soi l'idée d'avant et d'arrière : ce sont des traits qui ont dû évoluer (sans doute de nombreuses fois). Par ailleurs, certains jeunes oursins stockent du sable dans leur tube digestif afin de se lester et de ne pas être à la merci des flots. Le phytoplancton, quant à lui, est composé d'au moins 160000 espèces, mais sûrement bien plus. Suite à l'élévation brutale en cours de la température des océans, un effet secondaire imprévu : la chaleur favorise certains membres du picoplancton, notamment la bactérie... responsable du choléra. Ainsi les cas de choléra sont en augmentation constante sur les côtes. Le plancton n'est pas très bavard, mais les plus gros poissons le sont : le fait que la plupart des animaux marins communiquent par le son est une découverte assez récente. Certains poissons peuvent produire au moins six sons différents pour communiquer des informations différentes : parade, synchronisation pour l’émission des gamètes, respect de la hiérarchie, formation des bancs, alarme, etc.
Les bestioles marines encore un peu plus grosses, de type phoque ou tortue par exemple, sont utilisées par les humains pour sonder les fonds marins. On leur colle une balise, et hop, on a un drone automatique qui se ballade dans l'océan et récolte tout un tas de données aussi bien sur les habitudes de chaque espèce que, et c'est ce qui m'a surpris, sur l’océan lui-même : température, salinité, richesse biologique, oxygène, lumière, cartographie, etc. Et un autre exemple d'évolution convergente, concept qui me fascine : les bestioles qui trainent autour des sources hydrothermales profondes sont très particulières, notamment par leur tendance à ne pas avoir de système digestif, lequel est remplacé par des organes spécifiques qui contiennent des bactéries chimiosynthétiques, c'est-à-dire qui produisent de la matière organique à partir de l'énergie dégagée par des réactions chimiques permises par les éléments rejetés par ces sources profondes. Il semble que cette spécificité ait évolué plusieurs fois, avec l'aide, comme passage transitoire, des banquets des bas-fonds : ces sites profonds ou des bestioles se sourissent par exemple d'un cadavre de baleine, zones où on a trouvé des organismes qui utilisent partiellement ce procédé chimiosynthétique. Même chose pour la bioluminescence, phénomène qui concerne près de 75% des organismes de plus de 1cm qui vivent entre 100 et 4000 mètres de profondeur : il semblerait que la bioluminescence ait évolué au moins 40 fois de façon indépendante dans divers groupes.
Bonus : la molécule qui permet la bioluminescence s'appelle la... luciférine !
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