lundi 6 janvier 2020
The Ceremonies - T.E.D. Klein
Il est rare de tomber sur un bouquin aussi inégal que The Ceremonies (1984). T.E.D. Klein m'avait plutôt convaincu avec son recueil Dark Gods, mais ici, en format long, pour ne pas dire très long, il se prend les pieds dans le tapis.
Au cœur de The Ceremonies, il y a une excellente histoire d'horreur : Jeremy, pour préparer sa thèse sur la littérature gothique, va s'enterrer tout l'été dans une ferme paumée. En fait, il se retrouve dans une communauté religieuse, chrétienne, extrêmement stricte et traditionnelle. Ce contexte est clairement le point fort du roman : j’adore cette exploration de la vie communautaire partiellement idyllique au prix de l'aveuglement et de l'ignorance. Il faut dire que c'est un intérêt personnel, et j'ai déjà pu en faire l'expérience, notamment au Mont Athos. Le jeune couple de paysans fait un duo de personnages excellents, ambigus dans leur rapport au monde, coincés entre leurs prédispositions plus intellectuelles que le reste de leur communauté et leur foi réelle, leur désir de pratiquer ce mode de vie. Ils sont finalement plus agréables à suivre que Jeremy, qui a un peu tendance à être un connard libidineux. Mais bref, des choses se trament dans les bois non loin. Une entité venue d'ailleurs a bien l'intention de causer quelques problèmes.
Vraiment, tant qu'on reste dans cette unité de lieu, c'est pas mal du tout. L'horreur se glisse subtilement dans le quotidien, insidieusement. Mais une bonne partie du roman est consacrée à deux autres personnages et prend place à New York (qui est comme dans Dark Gods décrit comme un enfer violent et pestilentiel). Il y a l'Ancien, un être humain (plus ou moins) au service de l'entité. Et Carol, une jeune femme (vierge, c'est important) qui passe son temps à se faire manipuler par l'Ancien. En effet, l'Ancien, qui a l'apparence d'un vieil homme, prépare les cérémonies pour faire renaitre l'entité. C'est là que tout part en vrille : il manipule tout le monde dans l'ombre, il accomplit plein de rituels abscons, et c'est parfaitement ennuyeux. Vraiment, j'ai dû sauter des pages à force de subir d'interminables cérémonies où l'Ancien manipule Carol pour qu'elle porte une robe de la bonne couleur, chante les bonnes chansons, fasse les bons gestes...
Mais c'est plus grave qu'un simple ennui narratif : cette obsession des cérémonies détruit tout l'aspect horrifique. Non seulement l'antagoniste, l'Ancien, est finalement un simple humain, mais tout ce qu'il fait est bassement humain (d'autant plus que l'auteur lui donne un point de vue interne tout à fait inutile). Tous ces rituels, c'est terriblement humain. Sérieusement, comment prendre une entité cosmique au sérieux quand elle a besoin de la pleine lune, d'une vierge, de petites chansons et de pas de danse faits par des jambes humaines pour accomplir ses objectifs ? C'est comme si dans Alien le xénomorphe ne pouvait infecter que des vierges et uniquement les nuits de pleine lune... C'est ridicule. Non, le xénomorphe a juste besoin de chair pour y développer la chair de sa progéniture. Simple, crédible et terrifiant. Ici, T.E.D. Klein essaie de tout faire à la fois : cosmic horror, folk horror, gothic, avec des références incessantes à Arthur Machen et bien d'autres. On obtient un amalgame boursouflé, qui oscille entre indigestion et morceaux de brillance.
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