En plus de ses nouvelles, je commence à avoir lu beaucoup des romans de Greg Egan (Schild's Ladder, Isolation, La cité des permutants, L'énigme de l'univers, Diaspora, The Clockwork Rocket). Ceux-ci, de qualité très variable à mon sens, ont toujours été loin de me laisser indifférent. Cette fois, avec Téranésie, on fait face à un roman... correct. Ce n'est pas mal, il y a des idées, mais rien ne cristallise particulièrement.
On commence pendant l'enfance du narrateur, sur une ile isolée où ses parents étudient des papillons bizarres. Pas de bol, les parents meurent et il doit fuir avec sa sœur. Dès cette première partie, je me suis mis à lire en diagonale. Puis le voilà recueilli par une tante canadienne. Celle-ci se trouve être une universitaire néo-féministe, c'est le moment satire du roman : celle-ci s'avère plutôt marrante (sur les absurdités idéologiques de ceux qui recherchent l'oppression jusque dans la nature des 0 et les 1 informatiques par exemple), mais ensuite, on passe tout simplement à autre chose. Notre narrateur est adulte, on s'attarde un poil sur sa vie quotidienne frustrante (un travail absurde c'est chiant) et sa vie intime (il est gay), et paf, retour à l'aventure scientifique.
Greg Egan s'essaie à, disons, la biologie-fiction, ou l'évolution-fiction, et c'est moyennement convainquant. Des animaux semble "évoluer" brusquement des traits spécialisés et utiles. Mystère : comment un phénomène naturel pourrait sélectionner aussi vite de tels traits ? Réponse : il s'agit d'un... gène quantique. J'aurais dû voir venir Egan de loin. Ce gène quantique, si j'ai bien compris, pique les traits adaptatifs directement dans les réalités parallèles. Le fait est que ça marche, ça lui permet de subsister et de se diffuser ; il n'en faut pas plus. Voir Le Gène égoïste de Dawkins à ce sujet. Il y a quelques moments sympas sur l'absurdité intrinsèque à l'évolution et à la vie en général (« Le processus ne concevait d'objectif ni de destin pour personne. Il n'avait pas de trajet en tête, aucun point d'arrivée. Il ne visait que lui-même. Qu'à se multiplier. ») mais le mystère est franchement capillotracté et difficile à suivre, sans compter qu'il ne parvient pas à former un tout cohérent avec la narration. Si on rajoute un narrateur souvent antipathique (pas évident d'écrire un personnage suicidaire sans qu'il ne semble juste puéril et exaspérant), on obtient indéniablement avec Téranésie une œuvre mineure de Greg Egan.
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