J'avais lu quelques-uns des gros pavés d'Alastair Reynolds il y a plus de 10 ans, et déjà l'écriture me semblait verbeuse et pénible. Je m'étais arrêté au milieu du troisième volume de L'espace de la Révélation. Ceci dit, j'avais un très bon souvenir de la nouvelle Diamond Dogs, et je me suis donc penché sur ses autres nouvelles, non traduites en français pour la plupart il me semble. Je confirme que l'écriture est toujours aussi plate : malgré des idées pertinentes, c'est un peu ce cliché de la SF comme roman de gare. Je regrette Greg Egan.
Great Wall of Mars (3,5/5)
Le récit d'une mission diplomatique vers une communauté martienne d'humains — ou post-humains — qui se sont organisés en hive mind (les Conjoiners). Évidemment, ça tourne mal. Le grand mur de Mars éponyme a su retenir mon attention. Je ne sais plus s'il était déjà mentionné dans les romans de l'auteur qui se déroulent dans le même univers, mais c'est un excellent concept : comme il trop compliqué de terraformer une planète d'un coup, deux murs géants parallèles à l'équateur sont mis en place pour enfermer une bande d'atmosphère. Pendant que la terraformation avance — très lentement — les deux murs progressent en s'auto-construisant via les fondations qui prélèvent les matériaux de base dans le sol.
La société explorée et les tensions entre factions aux idéologies différentes parviennent à aiguiser la curiosité, mais ça manque de profondeur dans l'exploration des idées. Je regrette aussi un certain problème d'échelle : le conflit armé semble un peu démesuré quand on sait que la communauté finalement attaquée contient moins de 1000 personnes : les forces attaquantes auraient surement les moyens technologiques de les rayer de la carte — même sans détruire l'endroit — sans envoyer des soldats se faire bêtement trucider sur place. Ceci dit, ça reste narrativement efficace, avec une fin satisfaisante à la fois sur le plan humain (le sort du narrateur) et sur une échelle plus vaste (l'avenir d'une société entière), ce qui mérite d'être souligné.
Glacial (2/5)
Une suite à la nouvelle précédente. Les mêmes personnages se retrouvent sur une planète glacée où tous les membres d'une expédition passée sont morts dans des circonstances suspectes. Tous, sauf un, qui s'est auto-cryogénisé et qu'ils vont réveiller : une bonne idée narrative. Autre bonne idée : ces petits vers qui infestent toute la glace qui recouvre cette planète et qui seraient en fait les équivalents des impulsions électriques d'un cerveau géant, façonnant ainsi une conscience invisible. Dommage qu'au lieu d'explorer pleinement ces concepts, toute la trame prenne la forme d'une enquête policière sans grand intérêt, avec même le cliché de la victime de meurtre qui trace les premières lettres du nom de son assassin pendant son agonie ! L'écriture des Conjoiners, cette société d'humains organisée en hive mind, est également des plus décevantes : ils ont l'air d'être connectés en wifi, mais c'est tout.
A Spy on Europa (3,5/5)
Comme le titre l'indique, deux factions s'opposent, et un espion arrive sur Europe pour accomplir une mission qui s'avèrera bien différente de ce à quoi il s'attendait. Cette nouvelle a le mérite d'être plus resserrée que les autres, et en conséquence, les idées et le worldbuilding s'y font particulièrement plaisants. La citée sous-marine dans l'océan d'Europe et la technologie qui la rend possible, les formes de vie qui se cachent dans ces profondeurs, les modifications physiologiques pratiquées par les locaux... Le tout avec une fin joyeusement sombre.
Weather (3/5)
Un vaisseaux d'Ultras (des humains augmentés pour le voyage à longue distance dans l'espace) recueille une Conjoiner en détresse. Les deux factions ne s'apprécient guère, mais ce sera l'occasion d'un rapprochement. On retrouve le même défaut : Ultras comme Conjoiners, ces factions sont supposées être des variations de post-humains, mais Alastair Reynolds ne parvient absolument pas à convaincre, par son écriture et le comportement de ses personnages, que ce ne sont pas des humains parfaitement normaux, à la limite avec certains traits de type hyper-rationnel et détaché. C'est aussi trop long, et ça se finit en queue de poisson. Ceci dit, les dernières pages parviennent néanmoins à relever l'intérêt avec la découverte de la bio-technologie des Conjoiners et l'éthique qui va avec : certains conjoiners doués choisissent activement de devenir des ordinateurs biologiques et de passer tout leur temps à faire des calculs pour contenir la source d'énergie chaotique qui fait tourner les moteurs spatiaux, tout en étant libres de prendre leur retraite à l'occasion.
Dilation Sleep (2/5)
Lors d'un voyage spatial de longue durée où l'équipage comme les passagers sont en cryosommeil, le narrateur est réveillé en avance et se retrouve seul dans un vaisseau désert. Un cliché tellement éculé que même moi j'ai écrit un texte avec ce point de départ. Alastair Reynolds n'en fait rien de particulièrement digne d'intérêt et le twist n'est pas suffisant.
Grafenwalder's Bestiary (2/5)
Des richards qui ne savent pas quoi faire de leur argent sont en perpétuelle compétition pour obtenir le trophée le plus unique, sous la forme de créatures vivantes. L'idée est sympa, mais c'est long et le twist, encore une fois, est loin d'être assez bon pour justifier autant de longueur.
Nightingale (2,5/5)
Une chouette prémisse, avec cette équipe qui s'enfonce dans un vaisseau-hôpital abandonné à la recherche d'un criminel de guerre. Il y a quelques bons moments de body horror mais encore une fois c'est long et l'écriture est très plate.
Galactic North (pas fini/5)
Une nouvelle qui se déroule sur plusieurs dizaines de milliers d'années, mais l'écriture est vraiment trop mauvaise et je commence à en avoir un peu marre. Il y a aussi quelque chose de puéril dans les nouvelles d'Alastair Reynolds, du genre pirates de l'espace menés par un méchant sadique, qui lasse rapidement.
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